es, chasses de la salle du Manege, se retirerent dans un
vaste local, rue du Bac, et recommencerent la leurs declamations
habituelles. Leur organisation en assemblee deliberante demeurant la
meme, la constitution donnait au pouvoir executif le droit de dissoudre
leur societe. Sieyes, Roger-Ducos et Barras, a l'instigation de Fouche,
se deciderent a la fermer. Gohier et Moulins n'etaient pas de cet avis,
disant que, dans le danger present, il fallait raviver l'esprit public
par des clubs; que la societe des nouveaux jacobins renfermait de
mauvaises tetes, mais point de factieux redoutables, puisqu'ils avaient
cede devant une simple sentinelle quand la salle du Manege avait
ete fermee. Leur avis ne fut pas ecoute, et la decision fut prise.
L'execution en fut renvoyee apres la celebration de l'anniversaire du 10
aout, qui devait avoir lieu le 23 thermidor. Sieyes etait president du
directoire; a ce titre, il devait parler dans cette solennite. Il fit un
discours remarquable, dans lequel il s'attachait a signaler le danger
que les nouveaux anarchistes faisaient courir a la republique, et
les denoncait comme des conspirateurs dangereux, revant une nouvelle
dictature revolutionnaire. Les patriotes presens a la ceremonie
accueillirent mal ce discours, et pousserent quelques vociferations. Au
milieu des salves d'artillerie, Sieyes et Barras crurent entendre des
balles siffler a leurs oreilles. Ils rentrerent au directoire fort
irrites. Se defiant des autorites de Paris, ils resolurent d'enlever le
commandement de la place au general Marbot, qu'on accusait d'etre un
chaud patriote et de participer aux pretendus complots des jacobins.
Fouche proposa a sa place Lefebvre, brave general, ne connaissant que la
consigne militaire, et tout a fait etranger aux intrigues des partis.
Marbot fut donc destitue, et le surlendemain, l'arrete qui ordonnait la
cloture de la societe de la rue du Bac fut signifie.
Les patriotes n'opposerent pas plus de resistance a la rue du Bac que
dans la salle du Manege. Ils se retirerent et demeurerent definitivement
separes. Mais il leur restait les journaux, et ils en firent un
redoutable usage. Celui qui se qualifiait _Journal des Hommes libres_
declama avec une extreme violence contre tous les membres du directoire
qui etaient connus pour avoir approuve la deliberation. Sieyes fut
traite cruellement. Ce pretre perfide, disaient les journaux patriotes,
a vendu l'a republique a la Prusse. Il est convenu ave
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