c cette puissance
de retablir en France la monarchie, et de donner la couronne a
Brunswick. Ces accusations n'avaient d'autre fondement que l'opinion
bien connue de Sieyes sur la constitution, et son sejour en Prusse. Il
repetait, en effet, tous les jours que les brouillons et les bavards
rendaient tout gouvernement impossible; qu'il fallait concentrer
l'autorite; que la liberte pouvait etre compatible meme avec la
monarchie, temoin l'Angleterre; mais qu'elle etait incompatible avec
cette domination successive de tous les partis. On lui pretait meme cet
autre propos, _que le nord de l'Europe etait plein de princes sages et
moderes, qui pourraient,_ _avec une forte constitution, faire le bonheur
de la France_. Ces propos, vrais ou faux, suffisaient pour qu'on lui
pretat des complots qui n'existaient que dans l'imagination de ses
ennemis. Barras n'etait pas mieux traite que Sieyes. Les menagemens que
les patriotes avaient eus long-temps pour lui, parce qu'il les avait
toujours flattes de son appui, avaient cesse. Ils le declaraient
maintenant un traitre, un homme pourri, qui n'etait plus bon a aucun
parti. Fouche, son conseil, apostat comme lui, etait poursuivi des memes
reproches. Roger-Ducos n'etait, suivant eux, qu'un imbecile, adoptant
aveuglement l'avis de deux traitres.
La liberte de la presse etait illimitee. La loi proposee par Berlier
n'ayant pas ete accueillie, il n'existait qu'un moyen pour attaquer les
ecrivains, c'etait de faire revivre une loi de la convention contre ceux
qui, par des actions ou par des ecrits, tendraient au renversement de la
republique. Il fallait que cette intention fut demontree pour que la loi
devint applicable, et alors la loi portait peine de mort. Il etait donc
impossible d'en faire usage. Une nouvelle loi avait ete demandee au
corps legislatif, et on decida qu'on s'en occuperait sur-le-champ. Mais
en attendant, le dechainement continuait avec la meme violence; et
les trois directeurs composant la majorite declaraient qu'il etait
impossible de gouverner. Ils imaginerent d'appliquer a ce cas l'article
144 de la constitution, qui donnait au directoire le droit de lancer
des mandats d'arret contre les auteurs ou complices des complots trames
contre la republique. Il fallait singulierement torturer cet article
pour l'appliquer aux journalistes. Cependant, comme c'etait un moyen
d'arreter le debordement de leurs ecrits, en saisissant leurs presses
et en les arretant eux-memes, la majorit
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