quand tous les jours
des membres du corps legislatif montent a la tribune pour les
appuyer?--C'est donc nous que vous attaquez? repartirent les deputes
auxquels Sieyes venait de faire cette reponse. Quand nous voulons nous
expliquer avec vous, vous nous injuriez et nous repoussez." L'humeur
arrivant, sur-le-champ on se separa, en s'adressant des paroles plutot
menacantes que conciliatrices.
Immediatement apres cette entrevue, Jourdan forma le projet d'une
proposition importante, celle de declarer la patrie en danger. Cette
declaration entrainait la levee en masse et plusieurs grandes mesures
revolutionnaires. Elle fut presentee aux cinq-cents le 27 fructidor (13
septembre). Le parti modere la combattit vivement, en disant que cette
mesure, loin d'ajouter a la force du gouvernement, ne ferait que
la diminuer, en excitant des craintes exagerees et des agitations
dangereuses. Les patriotes soutinrent qu'il fallait donner une grande
commotion pour reveiller l'esprit public et sauver la revolution. Ce
moyen, excellent en 1793, ne pouvait plus reussir aujourd'hui et n'etait
qu'une application erronee du passe. Lucien Bonaparte, Boulay (de la
Meurthe), Chenier, le combattirent vivement, et on obtint l'ajournement
au lendemain. Les patriotes des clubs avaient entoure le palais des
cinq-cents en tumulte, et ils insulterent plusieurs deputes. On
repandait que Bernadotte, presse par eux, allait monter a cheval, se
mettre a leur tete et faire une journee. Il est certain que plusieurs
des brouillons du parti l'y avaient fortement engage. On pouvait
craindre qu'il se laissat entrainer. Barras et Fouche le virent
et chercherent a s'expliquer avec lui. Ils le trouverent plein de
ressentiment contre les projets qu'il disait avoir ete formes avec
Joubert. Barras et Fouche lui assurerent qu'il n'en etait rien, et
l'engagerent a demeurer tranquille.
Ils retournerent aupres de Sieyes, et convinrent d'arracher a Bernadotte
sa demission, sans la lui donner. Sieyes, s'entretenant le jour meme
avec Bernadotte, l'amena a dire qu'il desirait reprendre bientot un
service actif, et qu'il regarderait le commandement d'une armee comme la
plus douce recompense de son ministere. Sur-le-champ, interpretant cette
reponse comme la demande de sa demission, Sieyes, Barras et Roger-Ducos
resolurent d'ecrire a Bernadotte que sa demission etait acceptee. Ils
avaient saisi le moment ou Gohier et Moulins etaient absens pour
prendre cette determination. Le l
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