s decourages, et demandaient
toujours de retourner a l'ennemi. Aucune armee republicaine n'a mieux
merite de la France, car aucune n'a mieux repondu au reproche injuste
fait aux Francais, de ne pas savoir supporter les revers. Il est vrai
qu'une partie de sa fermete etait due au brave et modeste general dans
lequel elle avait mis toute sa confiance, et qu'on lui enlevait toujours
au moment ou il allait la ramener a la victoire.
Ces quarante mille hommes etaient independans de quinze mille qui
devaient servir, sous Championnet, a former le noyau de l'armee des
Grandes-Alpes. Ils avaient debouche par la Bormida sur Acqui, par la
Bochetta sur Gavi, et ils etaient venus se ranger en avant de Novi. Ces
quarante mille hommes, debouchant a temps, avant la reunion des corps
occupes a faire des sieges, pouvaient remporter des avantages decisifs.
Mais Alexandrie venait d'ouvrir ses portes, le 4 thermidor (22 juillet).
Le bruit etait vaguement repandu que Mantoue venait aussi de les ouvrir.
Cette triste nouvelle fut bientot confirmee, et on apprit que la
capitulation avait ete signee le 12 thermidor (30 juillet). Kray venait
de rejoindre Suwarow avec vingt mille hommes; la masse agissante des
Austro-Russes se trouvait actuellement de soixante et quelques mille. Il
n'etait donc plus possible a Joubert de lutter a chance egale contre un
ennemi si superieur. Il assembla un conseil de guerre; l'avis general
fut de rentrer dans l'Apennin, et de se borner a la defensive, en
attendant de nouvelles forces.
Joubert allait executer sa resolution, lorsqu'il fut prevenu par
Suwarow, et oblige d'accepter la bataille. L'armee francaise etait
formee en demi-cercle, sur les pentes du Monte-Rotondo, dominant toute
la plaine de Novi. La gauche formee des divisions Grouchy et Lemoine,
s'etendait circulairement en avant de Pasturana. Elle avait a dos le
ravin du Riasco, ce qui rendait ses derrieres accessibles a l'ennemi qui
oserait s'engager dans ce ravin. La reserve de cavalerie, commandee
par Richepanse, etait en arriere de cette aile. Au centre, la division
Laboissiere couvrait les hauteurs a droite et a gauche de la ville
de Novi. La division Watrin, a l'aile droite, defendait les acces du
Monte-Rotondo, du cote de la route de Tortone. Dombrowsky avec une
division bloquait Seravalle. Le general Perignon commandait notre aile
gauche, Saint-Cyr notre centre et notre droite. La position etait forte,
bien occupee sur tous les points, et difficile
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