contre tout ce qu'on a vu repete si souvent dans cette histoire sur
les lois revolutionnaires. Mais il y avait une objection plus forte que
toutes les autres a faire contre cette mesure. Ces brigands ne provenant
que d'une veritable dissolution sociale, le seul remede etait dans une
reorganisation vigoureuse de l'etat, et non dans des mesures tout-a-fait
discreditees, et qui n'etaient capables de rendre aucune energie aux
ressorts du gouvernement.
La loi fut adoptee apres une discussion assez vive, ou les partis qui
avaient ete un moment d'accord pour renverser l'ancien directoire se
separerent avec eclat. A ces mesures importantes, qui avaient pour but
d'armer le gouvernement de moyens revolutionnaires, on en ajouta qui,
sous d'autres rapports, limitaient sa puissance. Ces mesures accessoires
etaient la consequence des reproches faits a l'ancien directoire. Pour
prevenir les scissions a l'avenir, on decida que le voeu de toute
fraction electorale serait nul; que tout agent du gouvernement cherchant
a influencer les elections serait puni pour attentat a la souverainete
du peuple; que le directoire ne pourrait plus faire entrer des troupes
dans le rayon constitutionnel sans une autorisation expresse; qu'aucun
militaire ne pourrait etre prive de son grade sans une decision d'un
conseil de guerre; que le droit accorde au directoire de lancer des
mandats d'arret ne pourrait plus etre delegue a des agens; qu'aucun
employe du gouvernement ou fonctionnaire quelconque ne pourrait etre ni
fournisseur, ni meme interesse dans les marches de fournitures; qu'un
club ne pourrait etre ferme sans une decision des administrations
municipale et centrale. On ne put pas s'entendre sur une loi de la
presse; mais l'article de la loi du 19 fructidor, qui donnait au
directoire la faculte de suppression a l'egard des journaux, n'en
demeura pas moins aboli; et en attendant un nouveau projet, la presse
resta indefiniment libre.
Telles furent les mesures prises a la suite du 30 prairial, soit pour
reparer de pretendus abus, soit pour rendre au gouvernement l'energie
dont il manquait. Ces mesures, qu'on prend dans les momens de crise, a
la suite d'un changement de systeme, sont imaginees pour sauver un etat,
et arrivent rarement a temps pour le sauver, car tout est souvent decide
avant qu'elles puissent etre mises a execution. Elles fournissent tout
au plus des ressources pour l'avenir. L'emprunt des cent millions, les
nouvelles levees, ne pouva
|