lon. On l'avait rapproche de Sieyes; on le fit
nommer general de la 17e division militaire, celle de Paris, et on
s'efforca d'en faire le chef de la nouvelle coalition.
On ne songeait point encore a faire des changemens; on voulait d'abord
s'emparer du gouvernement, sauver ensuite la France d'une invasion,
et on ajournait les projets constitutionnels a une epoque ou tous les
perils seraient passes. La premiere chose a obtenir etait l'eloignement
des membres de l'ancien directoire. Sieyes n'y etait que depuis une
quinzaine; il y etait entre le 1er prairial, en remplacement de Rewbell.
Barras s'etait sauve de l'orage comme on a vu. Toute la haine se
dechargeait contre Larevelliere, Merlin et Treilhard, tous trois fort
innocens de ce qu'on reprochait au gouvernement.
Ils avaient la majorite, puisqu'ils etaient trois, mais on voulait leur
rendre impossible l'exercice de l'autorite. Ils avaient resolu d'avoir
les plus grands egards pour Sieyes, de lui pardonner meme son humeur,
afin de ne pas ajouter aux difficultes de la position, celles que des
divisions personnelles pourraient encore faire naitre. Mais Sieyes etait
intraitable; il trouvait tout mauvais, et il etait en cela de tres bonne
foi; mais il s'exprimait de maniere a prouver qu'il ne voulait pas
s'entendre avec ses collegues pour porter remede au mal. Un peu infatue
de ce qu'il avait vu dans le pays d'ou il venait, il ne cessait de leur
dire: "Ce n'est pas ainsi qu'on fait en Prusse.--Enseignez-nous donc,
lui repondaient ses collegues, comment on fait en Prusse; eclairez-nous
de vos avis, et aidez-nous a faire le bien.--Vous ne m'entendriez pas,
repliquait Sieyes; il est inutile que je vous parle; faites comme vous
avez coutume de faire."
Tandis que, dans le sein du directoire, l'incompatibilite se declarait
entre la minorite et la majorite, les attaques les plus vives se
succedaient au dehors de la part des conseils. Il y avait deja querelle
ouverte sur les finances. La detresse, comme on l'a dit, provenait de
deux causes, la lenteur des rentrees et le deficit dans les produits
supposes. Sur 400 millions deja ordonnances pour depenses consommees,
210 millions etaient a peine rentres. Le deficit dans l'evaluation des
produits s'elevait, suivant Ramel, a 67 et meme a 75 millions. Comme
on lui contestait toujours la quotite du deficit, il donna un dementi
formel au depute Genissieux dans _le Moniteur_, et prouva ce qu'il
avancait. Mais que sert de prouver dans c
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