adoptee. C'etait jeter le cri d'alarme, et annoncer
un prochain evenement. Les cinq-cents firent part aux anciens de leur
determination, en les engageant a suivre leur exemple. L'exemple en
effet fut imite, et les anciens siegerent aussi en permanence. Les
trois commissions des depenses, des fonds, de la guerre, etant trop
nombreuses, furent changees en une seule commission, composee de
onze membres, et chargee de presenter les mesures exigees par les
circonstances.
Le directoire repondit, de son cote, qu'il allait se constituer en
seance permanente, pour hater le rapport qu'on lui demandait. On concoit
quelle agitation devait resulter d'une pareille determination. On
faisait, comme d'usage, courir les bruits les plus sinistres: les
adversaires du directoire disaient qu'il meditait un nouveau coup
d'etat, et qu'il voulait dissoudre les conseils. Ses partisans
repandaient au contraire qu'il y avait une coalition formee entre tous
les partis pour renverser violemment la constitution. Rien de pareil
n'etait medite de part ni d'autre. La coalition des deux oppositions
voulait seulement la demission des trois anciens directeurs. On imagina
un premier moyen pour l'amener. La constitution voulait que le directeur
entrant en fonctions eut quitte la legislature depuis un an revolu. On
s'apercut que Treilhard, qui depuis treize mois siegeait au directoire,
etait sorti de la legislature le 30 floreal an V, et qu'il avait ete
nomme au directoire, le 26 floreal an VI. Il manquait donc quatre jours
au delai prescrit. Ce n'etait la qu'une chicane, car cette irregularite
etait couverte par le silence garde pendant deux sessions, et d'ailleurs
Sieyes lui-meme etait dans le meme cas. Sur-le-champ la commission des
onze proposa d'annuler la nomination de Treilhard. Cette annulation eut
lieu le jour meme du 28 et fut signifiee au directoire.
Treilhard etait rude et brusque, mais n'avait pas une fermete egale a
la durete de ses manieres. Il etait dispose a ceder. Larevelliere
etait dans une tout autre disposition d'esprit. Cet homme honnete et
desinteresse, auquel ses fonctions etaient a charge, qui ne les avait
acceptees que par devoir, et qui faisait des voeux tous les ans pour
que le sort le rendit a la retraite, ne voulait plus abandonner ses
fonctions depuis que les factions coalisees paraissaient l'exiger. Il
se figurait qu'on ne voulait expulser les anciens directeurs que pour
abolir la constitution de l'an III; que Sieyes, Barra
|