ertains momens? On n'en accabla
pas moins le ministre et le gouvernement d'invectives; on ne cessa
pas de repeter qu'ils ruinaient l'etat, et demandaient sans cesse de
nouveaux fonds pour fournir a de nouvelles dilapidations. Cependant,
la force de l'evidence obligea a accorder un supplement de produits.
L'impot sur le sel avait ete refuse; pour y suppleer, on ajouta un
decime par franc sur toutes les contributions, et on doubla encore celle
des portes et fenetres. Mais c'etait peu que de decreter des impots,
il fallait assurer leur rentree par differentes lois, relatives a leur
assiette et a leur perception. Ces lois n'etaient pas rendues. Le
ministre pressait leur mise en discussion; on ajournait sans cesse, et
on repondait a ses instances en criant a la trahison, au vol, etc.
Outre la querelle sur les finances, on en avait ouvert une autre. Deja
il s'etait eleve des reclamations sur certains articles de la loi du
19 fructidor qui permettaient au directoire de fermer les clubs et de
supprimer les journaux sur un simple arrete. Un projet de loi avait ete
ordonne sur la presse et les societes populaires, afin de modifier la
loi du 19 fructidor, et d'enlever au directoire le pouvoir arbitraire
dont il etait revetu. On s'elevait beaucoup aussi contre la faculte que
cette loi donnait au directoire de deporter a sa volonte les pretres
suspects, et de rayer les emigres de la liste. Les patriotes, eux-memes
semblaient vouloir lui enlever cette dictature, funeste seulement a
leurs adversaires. On commenca par la discussion sur la presse et les
societes populaires. Le projet mis en avant etait l'ouvrage de Berlier.
La discussion s'ouvrit dans les derniers jours de prairial (au milieu
de juin). Les partisans du directoire, parmi lesquels se distinguaient
Chenier, Bailleul, Creuze-Latouche, Lecointe-Puyraveau, soutenaient que
cette dictature accordee au directoire par la loi du 19 fructidor,
bien que redoutable en temps ordinaire, etait de la plus indispensable
necessite dans la circonstance actuelle. Ce n'etait pas, disaient-ils,
dans un moment de peril extreme qu'il fallait diminuer les forces du
gouvernement. La dictature qu'on lui avait donnee le lendemain du 18
fructidor lui etait devenue necessaire, non plus contre la faction
royaliste, mais contre la faction anarchique, non moins redoutable que
la premiere, et secretement alliee avec elle. Les disciples de Baboeuf,
ajoutaient-ils, reparaissaient de toutes, parts, et menaca
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