essidor (20 juin) au matin. Une depeche, dans laquelle il peignit a
Moreau sa situation desesperee, etant tombee dans les mains de Suwarow,
celui-ci fut rempli de joie, et se hata de le poursuivre a outrance.
Cependant la retraite se fit avec assez d'ordre sur les bords de la
Nura. Malheureusement, la division Victor, qui soutenait depuis quatre
jours des combats continuels, fut enfin rompue, et perdit beaucoup de
prisonniers. Macdonald eut cependant le temps de recueillir son armee
au-dela de l'Apennin, apres une perte de quatorze ou quinze mille
hommes, en tues, blesses ou prisonniers.
Tres heureusement, Suwarow, entendant le canon de Moreau sur ses
derrieres, se laissa detourner de la poursuite de Macdonald. Moreau, que
des obstacles insurmontables avaient empeche de se mettre en mouvement
avant le 30 prairial (18 juin), venait enfin de deboucher de Novi, de se
jeter sur Bellegarde, de le mettre en deroute, et de lui prendre pres
de trois mille prisonniers. Mais cet avantage tardif etait inutile, et
n'eut d'autre resultat que de rappeler Suwarow, et de l'empecher de
s'acharner sur Macdonald.
Cette jonction, de laquelle on attendait de si grands resultats, avait
donc amene une sanglante defaite; elle fit naitre entre les deux
generaux francais des contestations qui n'ont jamais ete bien
eclaircies. Les militaires reprocherent a Macdonald d'avoir trop
sejourne en Toscane, d'avoir fait marcher ses divisions trop loin
les unes des autres, de maniere que les divisions Victor, Rusca et
Dombrowsky furent battues deux jours de suite, avant que les divisions
Montrichard, Olivier et Watrin fussent en ligne; d'avoir cherche, le
jour de la bataille, a deborder les deux ailes de l'ennemi, au lieu
de diriger son principal effort a sa gauche vers la Haute-Trebbia; de
s'etre tenu trop eloigne des montagnes, de maniere a ne pas permettre a
Lapoype, qui etait a Bobbio, de venir a son secours; enfin de s'etre,
par-dessus tout, beaucoup trop hate de livrer bataille, comme s'il eut
voulu avoir seul l'honneur de la victoire. Les militaires, en approuvant
le plan savamment combine par Moreau, ne lui ont reproche qu'une
chose, c'est de n'avoir pas mis de cote tout menagement pour un ancien
camarade, de n'avoir pas pris le commandement direct des deux armees, et
surtout de n'avoir pas commande en personne a la Trebbia. Quoi qu'il
en soit de la justesse de ces reproches, il est certain que le plan de
Moreau, execute comme il avait ete conc
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