de Vienne concut alors un projet infame,
et qui jeta un long deshonneur sur sa politique. Il avait fort a se
plaindre de la fierte et de la vigueur que nos ministres avaient
deployees a Rastadt. Il leur imputait une divulgation qui l'avait
singulierement compromis aux yeux du corps germanique, c'etait celle des
articles secrets convenus avec Bonaparte pour l'occupation de Mayence.
Ces articles secrets prouvaient que, pour avoir Palma-Nova dans le
Frioul, le cabinet autrichien avait livre Mayence, et trahi d'une
maniere indigne les interets de l'Empire. Ce cabinet etait fort irrite,
et voulait tirer vengeance de nos ministres. Il voulait de plus se
saisir de leurs papiers, pour connaitre quels etaient ceux des princes
germaniques qui, dans le moment, traitaient individuellement avec la
republique francaise. Il concut donc la pensee de faire arreter nos
ministres, a leur retour en France, pour les depouiller, les outrager,
peut-etre meme les assassiner. On n'a jamais su cependant si l'ordre de
les assassiner avait ete donne d'une maniere positive.
Deja nos ministres avaient quelque defiance, et sans craindre un
attentat sur leurs personnes, ils craignaient du moins pour leur
correspondance. En effet, elle fut interrompue le 30 germinal, par
l'enlevement des pontonniers qui servaient a la passer. Nos ministres
reclamerent; la deputation de l'Empire reclama aussi, et demanda si le
congres pouvait se croire en surete. L'officier autrichien auquel on
s'adressa ne fit aucune reponse tranquillisante. Alors nos ministres
declarerent qu'ils partiraient sous trois jours, c'est-a-dire le
9 floreal (28 avril), pour Strasbourg, et ils ajouterent qu'ils
demeureraient dans cette ville, prets a renouer les negociations des
qu'on en temoignerait le desir. Le 7 floreal un courrier de la legation
fut arrete. De nouvelles reclamations furent faites par tout le congres,
et il fut demande expressement s'il y avait surete pour les ministres
francais. Le colonel autrichien qui commandait les hussards de
Szecklers, cantonnes pres de Rastadt, repondit que les ministres
francais n'avaient qu'a partir sous vingt-quatre heures. On lui demanda
une escorte pour eux, mais il la refusa, et assura que leurs personnes
seraient respectees. Nos trois ministres, Jean Debry, Bonnier et
Roberjeot, partirent le 9 floreal (28 avril), a neuf heures du soir. Ils
occupaient trois voitures avec leurs familles. Apres eux venaient la
legation ligurienne et les secre
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