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une armee dont il avait perdu la confiance, avait obtenu l'autorisation
de transmettre le commandement a Moreau. Macdonald avait recu l'ordre
pressant d'evacuer le royaume de Naples et les etats romains, et de
venir faire sa jonction avec l'armee de la Haute-Italie. Tous les vieux
bataillons retenus dans l'interieur etaient achemines sur la frontiere;
l'equipement et l'organisation des conscrits s'acceleraient, et les
renforts commencaient a arriver de toutes parts.
Massena, a peine nomme commandant en chef des armees du Rhin et de
Suisse, songea a disposer convenablement les forces qui lui etaient
confiees. Il ne pouvait prendre le commandement dans une situation plus
critique. Il avait au plus trente mille hommes, epars en Suisse depuis
la vallee de l'Inn jusqu'a Bale; il avait en presence trente mille
hommes sous Bellegarde dans le Tyrol, vingt-huit mille sous Hotze, dans
le Voralberg, quarante mille sous l'archiduc, entre le lac de Constance
et le Danube. Cette masse de pres de cent mille hommes pouvait
l'envelopper et l'aneantir. Si l'archiduc n'avait pas ete contrarie par
le conseil aulique et retenu par une maladie, et qu'il eut franchi le
Rhin entre le lac de Constance et l'Aar, il aurait pu fermer a Massena
la route de France, l'envelopper et le detruire. Heureusement il n'etait
pas libre de ses mouvemens; heureusement encore on n'avait pas mis
immediatement sous ses ordres Bellegarde et Hotze. Il y avait entre les
trois generaux un tiraillement continuel, ce qui empechait qu'ils se
concertassent pour une operation decisive.
Ces circonstances favoriserent Massena, et lui permirent de prendre une
position solide et de distribuer convenablement les troupes mises a sa
disposition. Tout prouvait que l'archiduc ne voulait qu'observer la
ligne du Rhin du cote de l'Alsace, et qu'il se proposait d'operer en
Suisse, entre Schaffouse et l'Aar. En consequence, Massena fit refluer
en Suisse la plus grande partie de l'armee du Danube, et lui assigna
des positions qu'elle aurait du prendre des le debut, c'est-a-dire
immediatement apres la bataille de Stokach. Il avait eu le tort de
laisser Lecourbe engage trop long-temps dans l'Engadine. Celui-ci fut
oblige de s'en retirer, apres avoir livre des combats brillans, ou il
montra une intrepidite et une presence d'esprit admirables. Les Grisons
furent evacues. Massena distribua alors son armee depuis la grande
chaine des Alpes jusqu'au confluent de l'Aar dans le Rhin, en
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