ligee de recevoir dans ses rangs. Elles
embarrassent sa marche, ralentissent ses mouvemens, et peuvent
quelquefois compromettre son salut. Moreau, apres avoir passe deux
jours a Milan, se remit en marche pour repasser le Po. A la conduite
de Suwarow, il put juger qu'il aurait le temps de prendre une position
solide. Il avait deux objets a atteindre, c'etait de couvrir ses
communications avec la France, et avec la Toscane, par ou s'avancait
l'armee de Naples. Pour arriver a ce but important, il lui parut
convenable d'occuper le penchant des montagnes de Genes; c'etait le
point le plus favorable. Il marcha en deux colonnes: l'une, escortant
les parcs, les bagages, tout l'attirail de l'armee, prit la grande route
de Milan a Turin; l'autre s'achemina vers Alexandrie, pour occuper les
routes de la riviere de Genes. Il executa cette marche sans etre
trop presse par l'ennemi. Suwarow, au lieu de fondre avec ses masses
victorieuses sur notre faible armee, et de la detruire completement, se
faisait decerner a Milan les honneurs du triomphe par les pretres, les
moines, les nobles, toutes les creatures de l'Autriche, rentrees en
foule a la suite des armees coalisees.
Moreau eut le temps d'arriver a Turin, et d'acheminer vers la France
tout son attirail de guerre. Il arma la citadelle, tacha de reveiller
le zele des partisans de la republique, et vint rejoindre ensuite la
colonne qu'il avait dirigee vers Alexandrie. Il choisit la une position
qui prouve toute la justesse de son coup d'oeil. Le Tanaro, en tombant
de l'Apennin, va se jeter dans le Po au-dessous d'Alexandrie. Moreau se
placa au confluent de ces deux fleuves. Couvert a la fois par l'un et
par l'autre, il ne craignait pas une attaque de vive force; il gardait
en meme temps toutes les routes de Genes, et pouvait attendre l'arrivee
de Macdonald. Cette position ne pouvait etre plus heureuse. Il occupait
Casale, Valence, Alexandrie; il avait une chaine de postes sur le Po
et le Tanaro, et ses masses etaient disposees de maniere qu'il pouvait
courir en quelques heures sur le premier point attaque. Il s'etablit la
avec vingt mille hommes, et y attendit avec un imperturbable sang-froid
les mouvemens de son formidable ennemi.
Suwarow avait mis tres heureusement beaucoup de temps a s'avancer. Il
avait demande au conseil aulique que le corps autrichien de Bellegarde,
destine au Tyrol, fut mis a sa disposition. Ce corps venait de descendre
en Italie, et portait l'armee combinee
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