e pour se defaire d'un guerrier
celebre qui lui faisait ombrage.
On remontait plus haut encore: on reprochait au gouvernement la guerre
elle-meme; on lui imputait de l'avoir provoquee par ses imprudences a
l'egard des puissances. Il avait envahi la Suisse, renverse le pape et
la cour de Naples, pousse ainsi l'Autriche a bout, et tout cela sans
etre prepare a entrer en lutte. En envahissant l'Egypte, il avait decide
la Porte a une rupture. En decidant la Porte, il avait delivre la Russie
de toute crainte pour ses derrieres, et lui avait permis d'envoyer
soixante mille hommes en Allemagne. Enfin, la fureur etait si grande,
qu'on allait jusqu'a dire que le directoire etait l'auteur secret de
l'assassinat de Rastadt. C'etait, disait-on, un moyen imagine pour
soulever l'opinion contre les ennemis, et demander de nouvelles
ressources au corps legislatif.
Ces reproches etaient repetes partout, a la tribune, dans les journaux,
dans les lieux publics. Jourdan etait accouru a Paris pour se plaindre
du gouvernement et pour lui imputer tous ses revers. Ceux des generaux
qui n'etaient pas venus, avaient ecrit pour exposer leurs griefs.
C'etait un dechainement universel, et qui serait incomprehensible si on
ne connaissait les fureurs et surtout les contradictions des partis.
Pour peu qu'on se souvienne des faits, on peut repondre a tous ces
reproches. Le directoire n'avait pas laisse eclaircir les rangs des
armees, car il n'avait donne que douze mille conges; mais il lui avait
ete impossible d'empecher les desertions en temps de paix. Il n'y a pas
de gouvernement au monde qui eut reussi a les empecher. Le directoire
s'etait meme fait accuser de tyrannie en voulant obliger beaucoup de
soldats a rejoindre. Il y avait, en effet, quelque durete a ramener sous
les drapeaux des hommes qui avaient deja verse leur sang pendant six
annees. La conscription n'etait decretee que depuis cinq mois, et il
n'avait pas eu le moyen, en aussi peu de temps, d'organiser ce systeme
de recrutement; et surtout d'equiper, d'instruire les conscrits, de les
former en bataillons de campagne, et de les faire arriver en Hollande,
en Allemagne, en Suisse, en Italie. Il avait retenu quelques vieux
bataillons, parce qu'ils etaient indispensables pour maintenir le repos
pendant les elections, et parce que l'on ne pouvait confier ce soin a de
jeunes soldats, dont l'esprit n'etait pas forme, et l'attachement a
la republique pas assez decide. Une raison importante
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