ce, et disputa avec une
extreme opiniatrete la chaussee de Liptingen a Stokach, qui traverse ces
bois. On se battait avec acharnement, lorsque l'archiduc accourut en
toute hate. Jugeant le danger avec un coup d'oeil sur, il retira les
grenadiers et les cuirassiers du centre et de la gauche pour les
transporter a sa droite. Ne s'effrayant pas du mouvement de Saint-Cyr
sur ses derrieres, il sentit que Jourdan repousse, Saint-Cyr n'en serait
que plus compromis, et il resolut de se borner a un effort decisif vers
le point actuellement menace.
On se disputait les bois avec un acharnement extraordinaire. Les
Francais, tres inferieurs en nombre, resistaient avec un courage que
l'archiduc appelle admirable; mais le prince chargea lui-meme avec
quelques bataillons sur la chaussee de Liptingen, et fit lacher prise
aux Francais. Ceux-ci perdirent les bois, et se trouverent enfin dans
la plaine decouverte de Liptingen, d'ou ils etaient partis. Jourdan fit
demander du secours a Saint-Cyr, mais il n'etait plus temps. Il lui
restait sa reserve, et il resolut de faire executer une charge de
cavalerie pour reprendre les avantages perdus. Il lanca quatre regimens
de cavalerie a la fois. Cette charge, arretee par une autre charge que
firent a propos les cuirassiers de l'archiduc, ne fut pas heureuse. Une
confusion horrible se mit alors dans la plaine de Liptingen. Apres avoir
fait des prodiges de bravoure, les Francais se debanderent. Le general
Jourdan fit des efforts heroiques pour arreter les fuyards; il fut
emporte lui-meme. Cependant les Autrichiens, epuises de ce long combat,
n'oserent pas nous poursuivre.
La journee fut des lors finie. Ferino et Souham s'etaient maintenus,
mais n'avaient force ni le centre ni la gauche des Autrichiens.
Saint-Cyr courait sur leurs derrieres. On ne pouvait pas dire que la
bataille fut perdue: les Francais, inferieurs du tiers, avaient conserve
partout le champ de bataille, et deploye une rare bravoure; mais avec
leur inferiorite numerique, et l'isolement de leurs differens corps,
n'avoir pas vaincu, c'etait etre battu. Il fallait sur-le-champ
rappeler Saint-Cyr, tres compromis, rallier l'avant-garde et la reserve
maltraitees, ramener le centre et la droite. Jourdan donna sur-le-champ
des ordres en consequence, et prescrivit a Saint-Cyr de se replier le
plus promptement possible. La position de ce dernier etait devenue tres
perilleuse; mais il opera sa retraite avec l'aplomb qui l'a toujours
signa
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