ictorieusement. Il avait ordonne a la division
Montrichard de changer de front, pour faire face a Butta-Preda, vers le
point ou l'ennemi avait fait une pointe, et il marchait avec ses deux
autres divisions vers Dazano. Delmas, arrive enfin a Butta-Preda,
couvrait notre centre, et dans ce moment la victoire semblait se
declarer pour nous, car notre droite, completement victorieuse du cote
de l'Adige, allait couper aux Autrichiens la retraite sur Verone.
Mais Kray jugeant que le point essentiel etait a notre droite, et qu'il
fallait renoncer au succes sur tous les autres points, pour l'emporter
sur celui-la, y dirigea la plus grande masse de ses forces. Il avait un
avantage sur Scherer, c'etait le rapprochement de ses divisions, qui lui
permettait de les deplacer plus facilement. Les divisions francaises, au
contraire, etaient fort eloignees les unes des autres, et combattaient
sur un terrain coupe de nombreux enclos. Kray tomba a l'improviste avec
toute sa reserve sur la division Grenier. Victor voulut venir au secours
de celui-ci, mais il fut charge lui-meme par les regimens de Nadasty et
de Reisky. Kray ne se contenta pas de ce premier avantage. Il avait fait
rallier sur les derrieres la division Mercantin, battue le matin; il la
lanca de nouveau sur les deux divisions Grenier et Victor, et decida
ainsi leur defaite. Ces deux divisions, malgre une vive resistance,
furent obligees d'abandonner le champ de bataille. La droite etant
en deroute, notre centre se trouva menace. Kray ne manqua pas de s'y
porter; mais Moreau s'y trouvait, et il empecha Kray de poursuivre son
avantage.
La bataille etait evidemment perdue, et il fallait songer a la retraite.
La perte avait ete grande des deux cotes. Les Autrichiens avaient eu
trois mille morts ou blesses, et deux mille prisonniers. Les francais
avaient eu un nombre egal de morts et de blesses, mais ils avaient
perdu quatre mille prisonniers. C'est la que fut blesse mortellement le
general Pigeon, qui pendant la premiere campagne d'Italie avait deploye
aux avant-gardes tant de talent et d'intrepidite.
Moreau conseillait de coucher sur le champ de bataille, pour eviter le
desordre d'une retraite de nuit, mais Scherer voulut se replier le
soir meme. Le lendemain, il se retira derriere la Molinella, et le
surlendemain, 18 germinal (7 avril), sur le Mincio. Appuye sur Peschiera
d'un cote, sur Mantoue de l'autre, il pouvait opposer une resistance
vigoureuse, rappeler Macdonald du
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