ignes. Pour agir sur
Liptingen, l'avant-garde et la reserve partaient d'Emingen-ob-Ek, et
la gauche de Tuttlingen, a la distance d'une journee de marche. Cet
isolement etait d'autant plus dangereux, que l'armee francaise, forte de
trente-six mille hommes environ, etait inferieure d'un tiers au moins a
l'armee autrichienne.
Le 5 germinal (25 mars) au matin, les deux armees se rencontrerent.
L'armee francaise marchait a une bataille, celle des Autrichiens a une
reconnaissance. Les Autrichiens, qui s'etaient ebranles un peu avant
nous, surprirent nos avant-gardes, mais furent bientot refoules sur tous
les points par le gros de nos divisions. Ferino a la droite, Souham au
centre, arriverent a Wahlwies, a Orsingen, a Nenzingen, au bord de la
Stokach, au pied du Nellemberg, ramenerent les Autrichiens dans leur
position du matin, et commencerent l'attaque serieuse de cette position.
Ils avaient a franchir la Stokach et a forcer le Nellemberg. Une longue
canonnade s'engagea sur toute la ligne.
A notre gauche, le succes etait plus prompt et plus complet.
L'avant-garde, actuellement commandee par le general Soult, depuis une
blessure qu'avait recue Lefebvre, repoussa les Autrichiens qui s'etaient
avances jusqu'a Emingen-ob-Ek, les chassa de Liptingen, les mit en
deroute dans la plaine, les poursuivit avec une extreme ardeur, et
parvint a leur enlever les bois. Ces bois etaient ceux memes qui
couvraient la droite autrichienne; en poursuivant leur mouvement, les
Francais pouvaient la jeter dans le ravin de la Stokach, et lui causer
un desastre. Mais il etait clair que cette aile allait etre renforcee
aux depens du centre et de la gauche, et qu'il fallait agir sur elle
avec une grande masse de forces. Il fallait donc, comme dans le plan
primitif, faire converger sur ce meme point l'avant-garde, la reserve
et la gauche. Malheureusement le general Jourdan, se confiant dans le
succes trop facile qu'il venait d'obtenir, voulut atteindre un objet
trop etendu, et au lieu d'amener Saint-Cyr a lui, il prescrivit a ce
general de faire un long circuit, pour envelopper les Autrichiens et
leur couper la retraite. C'etait trop se hater de recueillir les fruits
de la victoire, quand la victoire n'etait pas remportee. Le general
Jourdan ne garda sur le point decisif que la division d'avant-garde et
la reserve confiee a d'Haupoult.
Pendant ce temps, la droite des Autrichiens, voyant les bois qui la
couvraient forces par l'ennemi, fit volte-fa
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