porter les charges publiques sur une seule classe,
on renouvelait les gabelles, etc. Lucien Bonaparte etait celui des
orateurs qui faisait valoir les objections avec le plus d'acharnement.
Les partisans du gouvernement repondaient en alleguant la necessite.
L'impot fut rejete par le conseil des anciens. Pour en remplacer le
produit, on doubla l'impot des portes et fenetres; on decupla meme celui
des portes cocheres. On mit en vente les biens du culte protestant, on
decreta que le clerge protestant recevrait des salaires en dedommagement
de ses biens. On mit a la disposition du gouvernement les sommes a
recouvrer sur les proprietaires de biens restes indivis avec l'etat.
Malheureusement toutes ces ressources n'etaient pas assez promptes.
Outre la difficulte de porter le produit de l'impot au niveau de 600
millions, il y avait un autre inconvenient dans la lenteur des rentrees.
On etait encore reduit, cette annee comme dans les precedentes, a donner
des delegations aux fournisseurs sur les produits non rentres. Les
rentiers, auxquels on avait, depuis le remboursement des deux tiers,
promis la plus grande exactitude, etaient payes eux-memes avec des bons
recevables en acquittement des impots. Ainsi on se trouvait de nouveau
reduit aux expediens.
Ce n'etait pas tout que de reunir des soldats et des fonds pour les
entretenir, il fallait les distribuer d'apres un plan convenable, et
leur choisir des generaux. Il fallait, comme nous l'avons dit, garder la
Hollande, la ligne du Rhin, la Suisse et toute l'Italie, c'est-a-dire
operer depuis le golfe de Tarente jusqu'au Texel. La Hollande etait
couverte d'un cote par la neutralite de la Prusse, qui paraissait
certaine; mais une flotte anglo-russe devait y faire un debarquement, et
il etait urgent de la proteger contre ce danger. La ligne du Rhin etait
protegee par les deux places de Mayence et de Strasbourg; et quoiqu'il
fut peu probable que l'Autriche vint essayer de la percer, il etait
prudent de la couvrir par un corps d'observation. Soit qu'on prit
l'offensive ou qu'on l'attendit, c'etait sur les bords du Haut-Danube,
vers les environs du lac de Constance, ou en Suisse, qu'on devait
rencontrer les armees autrichiennes. Il fallait une armee active qui,
partie de l'Alsace ou de la Suisse, s'avancerait dans les plaines de
la Baviere. Il fallait ensuite un corps d'observation pour couvrir la
Suisse; il fallait enfin une grande armee pour couvrir la Haute-Italie
contre les Autr
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