l. Quelle gloire de
prendre l'initiative, de remporter le premier succes, et de forcer enfin
l'Autriche a entrer dans la carriere, apres la lui avoir ouverte!
Ce furent la les raisons qui engagerent la cour de Naples a prendre
l'initiative. Elle esperait que les Francais seraient facilement battus,
et que l'Autriche ne pourrait plus hesiter, quand une fois le fer serait
tire. M. de Gallo et le prince Belmonte-Pignatelli, qui connaissaient
un peu mieux l'Europe et les affaires, s'opposaient a ce qu'on prit
l'initiative; mais on refusa d'ecouter leurs sages conseils. Pour
decider ce pauvre roi, et l'arracher a ses innocentes occupations, on
supposa, dit-on, une fausse lettre de l'empereur, qui provoquait le
commencement des hostilites. Des lors les ordres de marche furent
donnes pour la fin de novembre. Toute l'armee napolitaine fut mise en
mouvement. Le roi lui-meme partit avec un grand appareil, pour assister
aux operations. Il n'y eut pas de declaration de guerre, mais une
sommation aux Francais d'evacuer l'etat romain: ils repondirent a cette
sommation en se preparant a combattre, malgre la disproportion du
nombre.
Dans la situation respective des deux armees, rien n'etait plus facile
que d'accabler les Francais, disperses dans les provinces romaines, a
droite et a gauche de l'Apennin. Il fallait marcher directement sur leur
centre, et porter la masse des forces napolitaines entre Rome et Terni.
La gauche des Francais, placee au-dela de l'Apennin pour garder les
Marches, eut ete coupee de leur droite, placee en deca pour garder les
rives du Tibre. On les eut ainsi empeches de se rallier, et on les
aurait ramenes en desordre jusque dans la Haute-Italie. La Peninsule
du moins eut ete delivree; et la Toscane, l'etat romain, les Marches,
seraient entres sous la domination de Naples. Le nombre des troupes
napolitaines rendait ce plan encore plus facile et plus sur; mais il
etait impossible que Mack employat une manoeuvre aussi simple. Comme
dans ses anciens plans, il voulut envelopper l'ennemi par une multitude
de corps detaches. Il avait pres de soixante mille hommes, dont quarante
mille formaient l'armee active, et vingt mille les garnisons. Au lieu
de diriger cette masse de forces sur le point essentiel de Terni, il
la divisa en six colonnes. La premiere, agissant sur les revers de
l'Apennin, le long de l'Adriatique, dut se porter par la route d'Ascoli
dans les Marches; la seconde et la troisieme, agissant sur l'autre
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