s lieux qu'ils habitaient, se permettaient souvent des requisitions
comme en temps de guerre, extorquaient de l'argent des administrations
locales, puisaient dans les caisses des villes sans alleguer aucune
espece de pretexte que leur bon plaisir. Les commandans de place
exercaient surtout des exactions intolerables. Le commandant de Mantoue
s'etait permis, par exemple, d'affermer a son profit la peche du
lac. Les generaux proportionnaient leur exigence a leur grade, et
independamment de tout ce qu'ils extorquaient, ils faisaient avec
les compagnies des profits scandaleux. Celle qui etait chargee
d'approvisionner l'armee en Italie, abandonnait aux etats-majors
quarante pour cent de benefice; et on peut juger par la de ce qu'elle
devait gagner pour faire de pareils avantages a ses protecteurs. Par
l'effet des desertions, il n'y avait pas dans les rangs la moitie des
hommes portes sur les etats, de maniere que la republique payait le
double de ce qu'elle aurait du. Malgre toutes ces malversations, les
soldats etaient mal payes, et la solde du plus grand nombre etait
arrieree de plusieurs mois. Ainsi, le pays que nous occupions etait
horriblement foule, sans que nos soldats s'en trouvassent mieux. Les
patriotes cisalpins toleraient tous ces desordres sans se plaindre,
parce que l'etat-major leur pretait son appui.
A Rome, les choses se passaient mieux. La, une commission, composee de
Daunou, Florent et Faypoult, gouvernait avec sagesse et probite le pays
affranchi. Ces trois hommes avaient compose une constitution qui
avait ete adoptee, et qui, sauf quelques differences, et les noms qui
n'etaient pas les memes, ressemblait exactement a la constitution
francaise. Les directeurs s'appelaient des consuls, le conseil des
anciens s'appelait le senat; le second conseil le tribunal. Mais ce
n'etait pas tout que de donner une constitution, il fallait la mettre en
vigueur. Ce n'etait pas, comme on aurait pu le croire, le fanatisme des
Romains qui s'opposait a son etablissement, mais leur paresse. Il n'y
avait guere d'opposans que dans quelques paysans de l'Apennin, pousses
par les moines, et du reste faciles a soumettre. Mais il y avait dans
les habitans de Rome, appeles a composer le consulat, le senat et le
tribunal, une insouciance, une inaptitude extreme au travail. Il fallait
de grands efforts pour les decider a sieger de deux jours l'un, et ils
voulaient absolument des vacances pour l'ete. A cette paresse il
faut joindre une
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