s armes et organises, pour faire des incursions dans leur pays,
et essayer d'y renverser le gouvernement royal. Une autre bande etait
partie du cote de la Cisalpine, et s'etait avancee par Domo-d'Ossola.
Mais ces tentatives furent repoussees et une foule de victimes
inutilement sacrifiees. La republique ligurienne n'avait pas renonce
pour cela a harceler le gouvernement de Piemont; elle recueillait et
armait de nouveaux refugies, et voulait elle-meme faire la guerre. Notre
ministre a Genes, Sotin, avait la plus grande peine a la contenir. De
son cote, notre ministre a Turin, Ginguene, n'avait pas moins de peine a
repondre aux plaintes continuelles du Piemont, et a le moderer dans ses
projets de vengeance contre les patriotes.
La Cisalpine etait dans un desordre effrayant. Bonaparte en la
constituant n'avait pas eu le temps de calculer exactement les
proportions qu'il aurait fallu observer dans les divisions du territoire
et dans le nombre des fonctionnaires, ni d'organiser le regime municipal
et le systeme financier. Ce petit etat avait a lui seul deux cent
quarante representans. Les departemens etant trop nombreux, il etait
devore par une multitude de fonctionnaires. Il n'avait aucun systeme
regulier et uniforme d'impots. Avec une richesse considerable, il
n'avait point de finances, et il pouvait a peine suffire a payer le
subside convenu pour l'entretien de nos armees. Du reste, sous tous les
rapports, la confusion etait au comble. Depuis l'exclusion de quelques
membres du conseil, prononcee par Berthier, lorsqu'il avait voulu faire
accepter le traite d'alliance avec la France, les revolutionnaires
l'avaient emporte, et le langage des jacobins dominait dans les conseils
et les clubs. Notre armee secondait ce mouvement et appuyait toutes les
exagerations. Brune, apres avoir acheve la soumission de la Suisse,
etait retourne en Italie, ou il avait recu le commandement general
de toutes les troupes francaises, depuis le depart de Berthier pour
l'Egypte. Il etait a la tete des patriotes les plus vehemens. Lahoz,
le commandant des troupes lombardes, dont l'organisation avait ete
commencee sous Bonaparte, abondait dans les memes idees et les memes
sentimens. Il existait, en outre, d'autres causes de desordres dans
l'inconduite de nos officiers. Ils se comportaient dans la Cisalpine
comme en pays conquis. Ils maltraitaient les habitans, exigeaient des
logemens qui, d'apres les traites, ne leur etaient pas dus, devastaient
le
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