spece de 18
fructidor pour ecarter les federalistes, abolir les anciens reglemens,
et donner au pays une constitution unitaire, a peu pres semblable a
celle de la France. Mais cette revolution avait tourne beaucoup trop au
profit des democrates. Ceux-ci s'etaient empares de tous les pouvoirs.
Apres avoir exclu de l'assemblee nationale tous les deputes qui leur
paraissaient suspects, ils s'etaient eux-memes constitues en directoire
et en deux conseils, sans recourir a de nouvelles elections. Ils avaient
voulu par la imiter la convention nationale de France, et ses fameux
decrets des 15 et 18 fructidor. Ils s'etaient entierement empares
depuis de la direction des affaires, et ils sortaient de la ligne ou le
directoire francais voulait maintenir toutes les republiques confiees a
ses soins. Le general Daendels, l'un des hommes les plus distingues du
parti modere, vint a Paris, s'entendit avec nos directeurs, et repartit
pour aller en Hollande porter aux democrates le coup qu'on leur avait
recemment porte a Paris, en les excluant du corps legislatif par
les scissions. Ainsi, tout ce qu'on faisait en France, il fallait
immediatement apres le repeter dans les etats qui dependaient d'elle.
Joubert eut ordre d'appuyer Daendels. Celui-ci se reunit aux ministres,
et avec le secours des troupes bataves et francaises, dispersa le
directoire et les conseils, forma un gouvernement provisoire, et fit
ordonner de nouvelles elections. Le ministre de France, Delacroix, qui
avait appuye les democrates, fut rappele. Ces scenes produisirent
leur effet accoutume. On ne manqua pas de dire que les constitutions
republicaines ne pouvaient marcher seules, qu'a chaque instant il
fallait le levier des baionnettes, et que les nouveaux etats se
trouvaient sous la dependance la plus complete de la France.
En Suisse, l'etablissement de la republique _une et indivisible_ n'avait
pas pu se faire sans combats. Les petits cantons de Schwitz, Zug,
Glaris, excites par les pretres et les aristocrates suisses, avaient
jure de s'opposer a l'adoption du regime nouveau. Le general
Schauembourg, sans vouloir les reduire par la force, avait interdit
toute communication des autres cantons avec ceux-ci. Les petits cantons
refractaires coururent aussitot aux armes et envahirent Lucerne, ou ils
pillerent et devasterent. Schauembourg marcha sur eux, et apres quelques
combats opiniatres, les reduisit a demander la paix. Le gage de cette
paix avait ete l'acceptation de l
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