la mesure qui mettait les caisses a la disposition de la France. Rapinat
fit sur-le-champ enlever les scelles du directoire helvetique, et
declara a ce directoire qu'il etait borne aux fonctions administratives,
qu'il ne pouvait rien contre l'autorite de la France, et qu'a l'avenir
ses lois et ses decrets n'auraient de vigueur qu'autant qu'ils ne
contiendraient rien de contraire aux arretes du commissaire et du
general francais. Les ennemis de la revolution, et il s'en etait glisse
plus d'un dans les conseils helvetiques, triompherent de cette lutte et
crierent a la tyrannie. Ils dirent que leur independance etait violee,
et que la republique francaise, qui avait pretendu leur apporter la
liberte, ne leur apportait en realite que l'asservissement et la misere.
L'opposition ne se manifestait pas seulement dans les conseils, elle
etait aussi dans le directoire et dans les autorites locales. A Lucerne
et a Berne, d'anciens aristocrates occupaient les administrations; ils
apportaient des obstacles de toute espece a la levee de quinze millions
frappes sur les anciennes familles nobles pour les besoins de l'armee.
Rapinat prit sur lui de purger le gouvernement et les administrations
helvetiques. Par une lettre du 28 prairial (16 juin), il demanda au
gouvernement helvetique la demission de deux directeurs, les nommes
Bay et Pfiffer, celle du ministre des affaires etrangeres, et le
renouvellement des chambres administratives de Lucerne et de Berne.
Cette demande, faite avec le ton d'un ordre, ne pouvait etre refusee.
Les demissions furent donnees sur-le-champ; mais la rudesse avec
laquelle se conduisit Rapinat fit elever de nouveaux cris, et mit tous
les torts de son cote. Il compromettait en effet son gouvernement, en
violant ouvertement les formes pour faire des changemens qu'il eut
ete facile d'obtenir par d'autres moyens. Sur-le-champ, le directoire
francais ecrivit au directoire helvetique pour desapprouver la conduite
de Rapinat, et pour donner satisfaction de cette violation de toutes
les formes. Rapinat fut rappele; neanmoins les membres demissionnaires
demeurerent exclus. Les conseils helvetiques nommerent, pour remplacer
les deux directeurs demissionnaires, Ochs, l'auteur de la constitution,
et le colonel Laharpe, le frere du general mort en Italie, l'un des
auteurs de la revolution du canton de Vaud, et l'un des citoyens les
plus probes et les mieux intentionnes de son pays.
Une alliance offensive et defensive fut c
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