a constitution nouvelle. Il fallut
employer aussi le fer et meme le feu pour reprimer les paysans du
Haut-Valais, qui avaient fait une descente dans le Bas-Valais, dans le
but d'y retablir leur domination. Malgre ces obstacles, en prairial
(mai 1798), la constitution etait partout en vigueur. Le gouvernement
helvetique etait reuni a Arau. Compose d'un directoire et de deux
conseils, il commencait a s'essayer dans l'administration du pays. Le
nouveau commissaire francais etait Rapinat, beau-frere de Rewbell.
Le gouvernement helvetique devait s'entendre avec Rapinat pour
l'administration des affaires. Les circonstances rendaient cette
administration difficile. Les pretres et les aristocrates, postes dans
les montagnes, epiaient le moment favorable pour soulever de nouveau
la population. Il fallait se tenir en garde contre eux, nourrir et
satisfaire l'armee francaise qu'on avait a leur opposer, organiser
l'administration, et se mettre en mesure d'exister bientot d'une
maniere independante. Cette tache n'etait pas moins difficile pour le
gouvernement helvetique que pour le commissaire francais place aupres de
lui.
Il etait naturel que la France s'emparat des caisses appartenant aux
anciens cantons aristocratiques, pour payer les frais de la guerre.
L'argent contenu dans les caisses, et les approvisionnemens renfermes
dans les magasins formes par les ci-devant cantons, lui etaient
indispensables pour faire vivre son armee. C'etait l'exercice le plus
ordinaire du droit de conquete; elle aurait pu sans doute renoncer a ce
droit, mais la necessite la forcait d'en user dans le moment. Rapinat
eut donc ordre de mettre le scelle sur toutes les caisses. Beaucoup de
Suisses, meme parmi ceux qui avaient souhaite la revolution, trouverent
fort mauvais qu'on s'emparat du pecule et des magasins des anciens
gouvernemens. Les Suisses sont, comme tous les montagnards, sages et
braves, mais d'une extreme avarice. Ils voulaient bien qu'on leur
apportat la liberte, qu'on les debarrassat de leurs oligarques, mais ils
ne voulaient pas faire les frais de la guerre. Tandis que la Hollande et
l'Italie avaient souffert, presque sans se plaindre, le fardeau enorme
des campagnes les plus longues et les plus devastatrices, les patriotes
suisses jeterent les hauts cris pour quelques millions dont on s'empara.
Le directoire helvetique fit de son cote apposer de nouveaux scelles sur
ceux qui venaient d'etre apposes par Rapinat, et protesta ainsi contre
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