parce qu'il reduisait les habitans a la famine.
Ces pretentions contraires donnerent lieu a une suite de notes et de
contre-notes, pendant tout l'ete. Enfin, vers le mois de vendemiaire an
VI (aout et septembre 1798), le _thalweg_ fut admis par la deputation
francaise. Le principal bras navigable fut pris pour limite entre la
France et l'Allemagne, et les iles durent etre partagees consequemment a
ce principe. La France consentit a la demolition de Cassel et de Kehl,
mais elle exigea l'ile de Pettersau, qui est placee dans le Rhin a peu
pres a la hauteur de Mayence, et qui est d'une grande importance pour
cette place. L'Empire germanique consentit de son cote a la demolition
d'Ehrenbreitstein. La libre navigation du Rhin et l'abolition des peages
furent accordees. Il restait a s'entendre sur l'etablissement des ponts
commerciaux, sur les biens de la noblesse immediate, sur l'application
des lois de l'emigration dans les pays cedes, et sur les dettes de ces
pays. Les princes seculiers avaient declare qu'il fallait faire toutes
les concessions compatibles avec l'honneur et la surete de l'Empire,
afin d'obtenir la paix, si necessaire a l'Allemagne. Il etait evident
que la plupart de ces princes voulaient traiter; la Prusse les
y engageait. Quant a l'Autriche, elle commencait a montrer des
dispositions toutes contraires, et a exciter le ressentiment des princes
ecclesiastiques contre la marche des negociations. Les deputes de
l'Empire, tout en se prononcant pour la paix, gardaient cependant la
plus grande mesure, par la crainte que leur causait l'Autriche, et
louvoyaient entre celle-ci et la Prusse. Quant aux ministres francais,
ils montraient une extreme raideur; ils vivaient a part, et dans une
espece d'isolement, comme tous nos ministres en Europe. Telle etait la
situation du congres a la fin de l'ete de l'an VI (1798).
Pendant que ces evenemens se passaient en Orient et en Europe, la
France, toujours chargee du soin de diriger les cinq republiques
instituees autour d'elle, avait eu des soucis sans fin. C'etaient des
difficultes continuelles pour y diriger l'esprit public, pour y faire
vivre nos troupes, pour y mettre d'accord nos ambassadeurs avec nos
generaux, pour y maintenir enfin la bonne harmonie avec les etats
voisins.
Presque partout il avait fallu faire comme en France, c'est-a-dire,
apres avoir frappe sur un parti, frapper bientot sur l'autre. En
Hollande on avait execute, le 3 pluviose (22 janvier), une e
|