ut stipulee contre l'Autriche. La France ne pouvait donc pas
sacrifier le Piemont. Aussi Francois (de Neufchateau) ne put-il adherer
aux propositions de M. de Cobentzel. On se separa sans avoir rien
conclu. Aucune satisfaction n'etait accordee pour l'evenement de Vienne.
M. de Degelmann, qui devait etre envoye a Paris comme ambassadeur,
n'y vint pas, et on declara que les deux cabinets continueraient de
correspondre par leurs ministres au congres de Rastadt. Cette separation
fut generalement prise pour une espece de rupture.
Les resolutions de l'Autriche furent evidemment fixees des cet instant;
mais avant de recommencer les hostilites avec la France, elle voulait
s'assurer le concours des principales puissances de l'Europe. M.
de Cobentzel partit pour Berlin, et dut se rendre de Berlin a
Saint-Petersbourg. Le but de ces courses etait de contribuer avec
l'Angleterre a former la nouvelle coalition. L'empereur de Russie avait
envoye a Berlin l'un des plus importans personnages de son empire, le
prince Repnin. M. de Cobentzel devait reunir ses efforts a ceux du
prince Repnin et de la legation anglaise, pour entrainer le jeune roi.
La France, de son cote, avait envoye l'un de ses plus illustres citoyens
a Berlin; c'etait Sieyes. La reputation de Sieyes avait ete immense
avant le regne de la convention. Elle s'etait evanouie sous le niveau
du comite de salut public. On la vit renaitre tout a coup, lorsque les
existences purent recommencer leurs progres naturels; et le nom de
Sieyes etait redevenu le plus grand nom de France, apres celui de
Bonaparte; car en France, une reputation de profondeur est ce qui
produit le plus d'effet apres une grande reputation militaire. Sieyes
etait donc l'un des deux grands personnages du temps. Toujours boudant
et frondant le gouvernement, non pas comme Bonaparte, par ambition,
mais par humeur contre une constitution qu'il n'avait pas faite, il
ne laissait pas que d'etre importun. On eut l'idee de lui donner une
ambassade. C'etait une occasion de l'eloigner, de l'utiliser, et surtout
de lui fournir des moyens d'existence. La revolution les lui avait
enleves tous, en abolissant les benefices ecclesiastiques. Une grande
ambassade permettait de les lui rendre. La plus grande etait celle de
Berlin, car on n'avait d'envoyes ni en Autriche, ni en Russie, ni en
Angleterre. Berlin etait le theatre de toutes les intrigues, et Sieyes,
quoique peu propre au maniement des affaires, etait cependant un
o
|