bservateur fin et sur. De plus, sa grande renommee le rendait
particulierement propre a representer la France, surtout aupres de
l'Allemagne, a laquelle il convenait plus qu'a tout autre pays.
Le roi ne vit pas arriver avec plaisir dans ses etats un revolutionnaire
si celebre; cependant il n'osa pas le refuser. Sieyes se comporta avec
mesure et dignite; il fut recu de meme, mais laisse dans l'isolement.
Comme tous nos envoyes a l'etranger, il etait observe avec soin, et pour
ainsi dire sequestre. Les Allemands etaient fort curieux de le voir,
mais ne l'osaient pas. Son influence sur la cour de Berlin etait nulle.
C'etait le sentiment de ses interets qui seul inspirait le roi de Prusse
contre les instances de l'Angleterre, de l'Autriche et de la Russie.
Tandis qu'en Allemagne on travaillait a decider le roi de Prusse, la
cour de Naples, pleine de joie et de temerite depuis la victoire de
Nelson, faisait des preparatifs immenses de guerre, et redoublait ses
sollicitations aupres de la Toscane et du Piemont. La France, par une
espece de complaisance, lui avait laisse occuper le duche de Benevent.
Mais cette concession ne l'avait point calmee. Elle se flattait de
gagner a la prochaine guerre une moitie des etats du pape.
Les negociations de Rastadt se poursuivaient avec succes pour la France.
Treilhard, devenu directeur, et Bonaparte parti pour l'Egypte, avaient
ete remplaces au congres par Jean Debry et Roberjot. Apres avoir
obtenu la ligne du Rhin, il restait a resoudre une foule de questions
militaires, politiques, commerciales. Notre deputation etait devenue
extremement exigeante, et demandait beaucoup plus qu'elle n'avait droit
d'obtenir. Elle voulait d'abord toutes les iles du Rhin, ce qui etait
un article important, surtout sous le rapport militaire. Elle voulait
ensuite garder Kehl et son territoire, vis-a-vis Strasbourg; Cassel et
son territoire, vis-a-vis Mayence. Elle voulait que le pont commercial
entre les deux Brisach fut retabli; que cinquante arpens de terrain
nous fussent accordes en face de l'ancien pont de Huningue, et que
l'importante forteresse d'Ehrenbreitstein fut demolie. Elle demandait
ensuite que la navigation du Rhin, et de tous les fleuves d'Allemagne
aboutissant au Rhin, fut libre, que tous les droits de peage fussent
abolis; que les marchandises fussent, sur les deux rives, soumises a un
meme droit de douane; que les chemins de halage fussent conserves,
et entretenus par les riverains. Elle
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