angs se formerent en colonnes d'attaque,
tandis que les autres resterent en carre, figurant toujours de
veritables citadelles. Mais au meme instant les Mameluks, tant ceux
que Mourad avait laisses a Embabeh, que ceux qui s'y etaient refugies,
voulurent nous prevenir. Ils fondirent sur nos colonnes d'attaque,
tandis qu'elles etaient en marche. Mais celles-ci s'arretant
sur-le-champ, et se formant en carre avec une merveilleuse rapidite,
les recurent avec fermete, et en abattirent un grand nombre. Les uns
se rejeterent dans Embabeh, ou le desordre devint extreme; les autres,
fuyant dans la plaine, entre le Nil et notre droite, furent fusilles
ou pousses dans le fleuve. Les colonnes d'attaque aborderent vivement
Embabeh, s'en emparerent, et jeterent dans le Nil la multitude des
fellahs et des janissaires. Beaucoup se noyerent; mais comme les
Egyptiens sont excellens nageurs, le plus grand nombre d'entre eux
parvint a se sauver. La journee etait finie. Les Arabes, qui etaient
pres des pyramides et qui attendaient la victoire, s'enfoncerent dans
le desert. Mourad, avec les debris de sa cavalerie, et le visage tout
sanglant, se retira vers la Haute-Egypte. Ibrahim, qui de l'autre rive
contemplait ce desastre, s'enfonca vers Belbeys, pour se retirer en
Syrie. Les Mameluks mirent aussitot le feu aux djermes qui portaient
leurs richesses. Cette proie nous echappa, et nos soldats virent pendant
toute la nuit des flammes devorer un riche butin.
Bonaparte placa son quartier-general a Giseh, sur les bords du Nil, ou
Mourad-Bey avait une superbe habitation. On trouva, soit a Giseh, soit
a Embabeh, des provisions considerables, et nos soldats purent se
dedommager de leurs longues privations. Ils trouverent des vignes
couvertes de magnifiques raisins dans les jardins de Giseh, et les
eurent bientot vendangees. Mais ils firent sur le champ de bataille un
butin d'une autre espece, c'etaient des schalls magnifiques, de belles
armes, des chevaux, et des bourses qui renfermaient jusqu'a deux ou
trois cents pieces d'or; car les Mameluks portaient toutes leurs
richesses avec eux. Ils passerent la soiree, la nuit et le lendemain a
recueillir des depouilles. Cinq a six cents Mameluks avaient ete tues.
Plus de mille etaient noyes dans le Nil. Les soldats se mirent a les
pecher pour les depouiller, et employerent plusieurs jours encore a ce
genre de recherche.
La bataille nous avait a peine coute une centaine de morts ou blesses;
car si la de
|