ir les deys que l'emir-haggi etait nomme, et que les caravanes
pouvaient partir. Il fit ecrire par les scheiks au sherif de la Mecque,
que les pelerins seraient proteges, et que les caravanes trouveraient
surete et protection. Le pacha du Caire avait suivi Ibrahim-Bey
a Belbeys. Bonaparte lui ecrivit, ainsi qu'aux divers pachas de
Saint-Jean-d'Acre et de Damas, pour les assurer des bonnes dispositions
des Francais envers la Sublime-Porte. Ces dernieres precautions etaient
malheureusement inutiles, et les officiers de la Porte se persuadaient
difficilement que les Francais, qui venaient envahir une des plus riches
provinces de leur souverain, fussent reellement ses amis.
Les Arabes etaient frappes du caractere du jeune conquerant. Ils ne
comprenaient pas qu'un mortel qui lancait la foudre fut aussi clement.
Ils l'appelaient le digne enfant du prophete, le favori du grand
_Allah_; ils avaient chante dans la grande mosquee la litanie suivante:
"Le grand _Allah_ n'est plus irrite contre nous! Il a oublie nos fautes,
assez punies par la longue oppression des Mameluks! Chantons les
misericordes du grand _Allah_!
"Quel est celui qui a sauve des dangers de la mer et de la fureur de ses
ennemis _le Favori de la victoire_? Quel est celui qui a conduit sains
et saufs sur les rives du Nil _les braves de l'Occident_?
"C'est le grand _Allah_, le grand _Allah_, qui n'est plus irrite contre
nous. Chantons les misericordes du grand _Allah_!
"Les beys mameluks avaient mis leur confiance dans leurs chevaux; les
beys mameluks avaient range leur infanterie en bataille.
"Mais _le Favori de la victoire_, a la tete _des braves de l'Occident_,
a detruit l'infanterie et les chevaux des Mameluks.
"De meme que les vapeurs qui s'elevent le matin du Nil sont dissipees
par les rayons du soleil, de meme l'armee des Mameluks a ete dissipee
par _les braves de l'Occident_, parce que le grand _Allah_ est
actuellement irrite contre les Mameluks, parce que _les braves de
l'Occident_ sont la prunelle droite du grand _Allah_."
Bonaparte voulut, pour entrer davantage dans les moeurs des Arabes,
prendre part a leurs fetes. Il assista a celle du Nil qui est une des
plus grandes d'Egypte. Ce fleuve est le bienfaiteur de la contree: aussi
est-il en grande veneration chez les habitans, et il est l'objet d'une
espece de culte. Pendant l'inondation, il s'introduit au Caire par un
grand canal; une digue lui interdit l'entree de ce canal, jusqu'a ce
qu'
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