ide. On
voyait, en s'approchant, s'elever les minarets du Caire, on voyait
grandir les pyramides, on voyait fourmiller la multitude qui gardait
Embaheh, on voyait etinceler les armes de ces dix mille cavaliers,
brillans d'or et d'acier, et formant une ligne immense. Bonaparte fit
aussitot ses dispositions. L'armee, comme a Chebreiss, etait partagee
en cinq divisions. Les divisions Desaix et Regnier formaient la droite,
vers le desert; la division Dugua formait le centre, les divisions Menou
et Bon formaient la gauche, le long du Nil. Bonaparte, qui, depuis
le combat de Chebreiss, avait juge le terrain et l'ennemi, fit ses
dispositions en consequence. Chaque division formait un carre; chaque
carre etait sur six rangs. Derriere etaient les compagnies de grenadiers
en pelotons, pretes a renforcer les points d'attaque. L'artillerie etait
aux angles; les bagages et les generaux au centre. Ces carres etaient
mouvans. Quand ils etaient en marche, deux cotes marchaient sur le
flanc. Quand ils etaient charges, ils devaient s'arreter pour faire
front sur toutes les faces. Puis quand ils voulaient enlever une
position, les premiers rangs devaient se detacher, pour former des
colonnes d'attaque, et les autres devaient rester en arriere, formant
toujours le carre, mais sur trois hommes de profondeur seulement,
et prets a recueillir les colonnes d'attaque. Telles etaient les
dispositions ordonnees par Bonaparte. Il craignait que ses impetueux
soldats d'Italie, habitues a marcher au pas de charge, eussent de
la peine a se resigner a cette froide et impassible immobilite des
murailles. Il avait eu soin de les y preparer. Ordre etait donne surtout
de ne pas se hater de tirer, d'attendre froidement l'ennemi, et de ne
faire feu qu'a bout pourtant.
On s'avanca presque a la portee du canon. Bonaparte, qui etait dans
le carre du centre, forme par la division Dugua, s'assura, avec une
lunette, de l'etat du camp d'Embabeh. Il vit que l'artillerie du camp,
n'etant pas sur affut de campagne, ne pourrait pas se porter dans la
plaine, et que l'ennemi ne sortirait pas des retranchemens. C'est sur
cette prevision qu'il basa ses mouvemens. Il resolut d'appuyer avec ses
divisions sur la droite, c'est-a-dire sur le corps des Mameluks, en
circulant hors de la portee du canon d'Embabeh. Son intention etait
de separer les Mameluks du camp retranche, de les envelopper, de les
pousser dans le Nil, et de n'attaquer Embabeh qu'apres s'etre defait
d'eux. Il
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