les. Des Cophtes, anciens
habitans de l'Egypte, des Arabes, conquerans de l'Egypte sur les
Cophtes, des Turcs conquerans sur les Arabes, telles sont les races dont
les debris pullulent miserablement sur une terre dont ils sont indignes.
Les Cophtes, quand les Francais y entrerent, etaient deux cent mille au
plus. Meprises, pauvres, abrutis, ils s'etaient voues, comme toutes les
classes proscrites, aux plus ignobles metiers. Les Arabes formaient la
masse presque entiere de la population; ils descendaient des compagnons
de Mahomet. Leur condition etait infiniment variee; quelques-uns, de
haute naissance, faisant remonter leur origine jusqu'a Mahomet lui-meme,
grands proprietaires, ayant quelques traces du savoir arabe, reunissant
a la noblesse les fonctions du culte et de la magistrature, etaient,
sous le titre de scheiks, les veritables grands de l'Egypte. Dans
les divans, ils representaient le pays, quand ses tyrans voulaient
s'adresser a lui; dans les mosquees, ils composaient des especes
d'universites, ou ils enseignaient la religion, la morale du Koran, un
peu de philosophie et de jurisprudence. La grande mosquee de Jemil-Azar
etait le premier corps savant et religieux de l'Orient. Apres ces
grands, venaient les moindres proprietaires, composant la seconde et
la plus nombreuse classe des Arabes; puis les proletaires, qui etaient
tombes dans la situation de veritables ilotes. Ces derniers etaient des
paysans a gages, cultivant la terre sous le nom de fellahs, et vivant
dans la misere et l'abjection. Il y avait une quatrieme classe d'Arabes,
c'etaient les Bedouins ou Arabes errans: ceux-la n'avaient pas voulu
s'attacher a la terre; c'etaient les fils du desert. Montes sur des
chevaux ou des chameaux, conduisant devant eux des troupeaux nombreux,
ils erraient, cherchant des paturages dans quelques oasis, ou venant
annuellement ensemencer les lisieres de terre cultivable, placees sur
le bord de l'Egypte. Leur metier etait d'escorter les caravanes ou de
preter leurs chameaux pour les transports. Mais, brigands sans foi,
ils pillaient souvent les marchands qu'ils escortaient ou auxquels ils
pretaient leurs chameaux. Quelquefois meme, violant l'hospitalite
qu'on leur accordait sur la lisiere des terres cultivables, ils se
precipitaient sur cette vallee du Nil, qui, large seulement de cinq
lieues, est si facile a penetrer; ils pillaient les villages, et,
remontant sur leurs chevaux, emportaient leur butin dans le fond du
dese
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