ssons,
emaillee de fleurs, traversee par d'immenses troupeaux. En mars les
chaleurs commencent; la terre se gerce si profondement, qu'il est
quelquefois dangereux de la traverser a cheval. Les travaux des champs
sont alors finis. Les Egyptiens ont recueilli toutes les richesses de
l'annee. Outre les bles, l'Egypte produit les meilleurs riz, les plus
beaux legumes, le sucre, l'indigo, le sene, la casse, le natron, le lin,
le chanvre, le coton, tout cela avec une merveilleuse abondance. Il lui
manque des huiles; mais elle les trouve vis-a-vis, en Grece; il lui
manque le tabac et le cafe, mais elle les trouve a ses cotes, dans
la Syrie et l'Arabie. Elle est aussi privee de bois, car la grande
vegetation ne peut pas pousser sur ce limon annuel que le Nil depose sur
un fond de sable. Quelques sycomores et quelques palmiers sont les
seuls arbres de l'Egypte. A defaut de bois on brule la bouse de vache.
L'Egypte nourrit d'immenses troupeaux. Les volailles de toute espece y
fourmillent. Elle a ces admirables chevaux, si celebres dans le monde
par leur beaute, leur vivacite, leur familiarite avec leurs maitres, et
cet utile chameau, qui peut manger et boire pour plusieurs jours, dont
le pied enfonce sans fatigue dans les sables mouvans, et qui est comme
un navire vivant pour traverser la mer des sables.
Tous les ans arrivent au Caire d'innombrables caravanes, qui abordent
comme des flottes des deux cotes du desert. Les unes viennent de la
Syrie et de l'Arabie, les autres de l'Afrique et des cotes de Barbarie.
Elles apportent tout ce qui est propre aux pays du soleil, l'or,
l'ivoire, les plumes, les schalls inimitables, les parfums, les gommes,
les aromates de toute espece, le cafe, le tabac, les bois et les
esclaves. Le Caire devient un entrepot magnifique des plus belles
productions du globe, de celles que le genie si puissant des occidentaux
ne pourra jamais imiter, car c'est le soleil qui les donne, et dont leur
gout delicat les rendra toujours avides. Aussi le commerce de l'Inde
est-il le seul dont les progres des peuples n'ameneront jamais la
fin. Il ne serait donc pas necessaire de faire de l'Egypte un poste
militaire, pour aller detruire violemment le commerce des Anglais. Il
suffirait d'y etablir un entrepot, avec la surete, les lois et les
commodites europeennes, pour attirer les richesses du monde.
La population qui occupe l'Egypte est, comme les ruines des cites qui la
couvrent, un amas des debris de plusieurs peup
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