oir ces bons amis. Engage notre chere Sylvia a nous accompagner; je
ne saurais me separer d'elle sans une douleur au-dessus de mes forces.
Reponds-moi par le retour du domestique que je t'envoie. Epargne-moi
l'embarras de m'expliquer davantage sur un caprice dont je sens
le ridicule, mais que je ne puis surmonter. Traite-moi avec cette
indulgence et cette divine douceur a laquelle tu m'as accoutumee.
Bonjour, mon bien-aime Jacques. Nos enfants se portent bien.
LXIV.
DE JACQUES A FERNANDE.
Tes desirs sont des ordres, ma douce petite malade; partons, allons ou
tu voudras; prepare et commande le depart pour la semaine prochaine,
pour demain si tu veux; je n'ai pas d'affaire dans la vie plus
importante que ta sante et ton bien-etre. J'ecris a l'instant meme
a Borel pour lui dire que j'accepte son obligeante proposition.
Precisement j'ai des fonds a deplacer, et il me sera agreable de les
porter en Touraine, sous les yeux d'un ami qui en surveillera le revenu.
Il m'eut ete cruel de faire sans toi ce voyage; je ne sais pas si notre
Sylvia pourra nous accompagner. Cela presente plus de difficultes et
d'inconvenients que tu ne penses; j'en parlerai avec elle, et si la
chose n'est pas impossible absolument, elle ne te quittera pas. Nous
partirons donc pour aussi longtemps que tu voudras, ma bonne fille
cherie; mais souviens-toi que si tu t'ennuies et te deplais a Cerisy,
fut-ce le lendemain de notre arrivee, je serai tout pret a te conduire
ailleurs, ou a te ramener ici. Ne crains pas de me paraitre fantasque:
je sais que tu souffres, et je donnerais ma vie pour alleger ton mal.
Adieu. Un baiser pour moi a Sylvia, et mille a nos enfants.
LXV.
D'OCTAVE A FERNANDE.
Ainsi, vous partez! Je vous ai offensee, et vous m'abandonnez au
desespoir, pour ne pas entendre les inutiles lamentations d'un importun.
Vous avez raison; mais cela vous ote beaucoup de votre merite a mes
yeux. Vous etiez bien plus grande quand vous me disiez que vous
ne m'aimiez pas, mais que vous aviez pitie de moi, et que vous me
supporteriez aupres de vous tant que j'aurais besoin de vos consolations
et de votre appui. A present, vous ne dites plus rien. Je vous parle de
mon amour dans le delire de la fievre, et vous avez la charite de ne pas
me repondre, pour ne pas me desesperer, apparemment; mais vous n'avez
pas la patience de m'entendre davantage, et vous partez! Vous vous etes
lassee trop tot, Fernande, du role sublime dont vous aviez conc
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