ci que Marchiali?
-- Assurement.
-- Eh bien! ne changez rien a la situation. Laissez le fou pourrir
dans un cachot de la Bastille, et MM. d'Herblay et du Vallon n'ont
pas besoin de ma grace. Leur nouveau roi les absoudra.
-- Votre Majeste me fait injure, Sire, et elle a tort, repliqua
sechement Fouquet. Je ne suis pas assez enfant, M. d'Herblay n'est
pas assez inepte, pour avoir oublie de faire toutes ces
reflexions, et, si j'eusse voulu faire un nouveau roi, comme vous
dites, je n'avais aucun besoin de venir forcer les portes de la
Bastille pour vous en tirer. Cela tombe sous le sens. Votre
Majeste a l'esprit trouble par la colere. Autrement, elle
n'offenserait pas sans raison, celui de ses serviteurs qui lui a
rendu le plus important service.
Louis s'apercut qu'il avait ete trop loin, que les portes de la
Bastille etaient encore fermees sur lui, tandis que s'ouvraient
peu a peu les ecluses derriere lesquelles ce genereux Fouquet
contenait sa colere.
-- Je n'ai pas dit cela pour vous humilier. A Dieu ne plaise!
monsieur! repliqua-t-il. Seulement, vous vous adressez a moi pour
obtenir une grace, et je vous reponds selon ma conscience; or,
suivant ma conscience, les coupables dont nous parlons ne sont pas
dignes de grace ni de pardon.
Fouquet ne repliqua rien.
-- Ce que je fais la, ajouta le roi, est genereux comme ce que
vous avez fait; car je suis en votre pouvoir. Je dirai meme que
c'est plus genereux, attendu que vous me placez en face de
conditions d'ou peuvent dependre ma liberte, ma vie, et que
refuser, c'est en faire le sacrifice.
-- J'ai tort, en effet, repondit Fouquet. Oui, j'avais l'air
d'extorquer une grace; je me repens, je demande pardon a Votre
Majeste.
-- Et vous etes pardonne, mon cher monsieur Fouquet, fit le roi
avec un sourire qui acheva de ramener la serenite sur son visage,
que tant d'evenements avaient altere depuis la veille.
-- J'ai ma grace, reprit obstinement le ministre; mais
MM. d'Herblay et du Vallon?
-- N'obtiendront jamais la leur, tant que je vivrai, repliqua le
roi inflexible. Rendez-moi le service de ne m'en plus parler.
-- Votre Majeste sera obeie.
-- Et vous ne m'en conserverez pas rancune?
-- Oh! non, Sire; car j'avais prevu le cas.
-- Vous aviez prevu que je refuserais la grace de ces messieurs?
-- Assurement, et toutes mes mesures etaient prises en
consequence.
-- Qu'entendez-vous dire? s'ecria le roi surpris.
-- M. d'Herblay venait, po
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