disparait, c'est toujours pour quelque
mission ou quelque affaire.
-- Il vous en aurait parle?
-- Jamais.
-- Vous avez su autrefois cependant son depart pour l'Angleterre?
-- A cause de la speculation, fit etourdiment Planchet.
-- La speculation?
-- Je veux dire... interrompit Planchet gene.
-- Bien, bien, vos affaires, non plus que celles de notre ami, ne
sont en jeu; l'interet qu'il nous inspire m'a pousse seul a vous
questionner. Puisque le capitaine des mousquetaires n'est pas ici,
puisque l'on ne peut obtenir de vous aucun renseignement sur
l'endroit ou on pourrait rencontrer M. d'Artagnan, nous allons
prendre conge de vous. Au revoir, Planchet! au revoir! Partons,
Raoul.
-- Monsieur le comte, je voudrais pouvoir vous dire...
-- Nullement, nullement; ce n'est pas moi qui reproche a un
serviteur la discretion.
Ce mot: _serviteur_, frappa rudement le demi-millionnaire
Planchet; mais le respect et la bonhomie naturels l'emporterent
sur l'orgueil.
-- Il n'y a rien d'indiscret a vous dire, monsieur le comte, que
M. d'Artagnan est venu ici l'autre jour.
-- Ah! ah!
-- Et qu'il y est reste plusieurs heures a consulter une carte
geographique.
-- Vous avez raison, mon ami, n'en dites pas davantage.
-- Et cette carte, la voici comme preuve, ajouta Planchet, qui
alla la chercher sur la muraille voisine, ou elle etait suspendue
par une tresse formant triangle avec la traverse a laquelle etait
cloue le plan consulte par le capitaine lors de sa visite a
Planchet.
Il apporta, en effet, au comte de La Fere, une carte de France,
sur laquelle, l'oeil exerce de celui-ci decouvrit un itineraire
pointe avec de petites epingles; la ou l'epingle manquait, le trou
faisait foi et jalon.
Athos, en suivant du regard les epingles et les trous vit que
d'Artagnan avait du prendre la direction du Midi et marcher
jusqu'a la Mediterranee, du cote de Toulon. C'etait aupres de
Cannes que s'arretaient les marques et les endroits ponctues.
Le comte de La Fere se creusa pendant quelques instants la
cervelle pour deviner ce que le mousquetaire allait faire a
Cannes, et quel motif il pouvait avoir pour aller observer les
rives du Var.
Les reflexions d'Athos ne lui suggererent rien. Sa perspicacite
accoutumee resta en defaut. Raoul ne devina pas plus que son pere.
-- N'importe! dit le jeune homme au comte, qui, silencieusement et
du doigt, lui avait fait comprendre la marche de d'Artagnan, on
peut avouer
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