sser un plat d'argent qui venait de rouler jusque dans les
sables desseches.
La main qui avait lance ce plat fit un signe aux deux
gentilshommes, puis elle disparut.
Alors Raoul et Athos, s'approchant l'un de l'autre, se mirent a
considerer attentivement le plat souille de poussiere, et ils
decouvrirent, sur le fond, des caracteres traces avec la pointe
d'un couteau:
"Je suis, disait l'inscription, le frere du roi de France,
prisonnier aujourd'hui, fou demain. Gentilshommes francais et
chretiens, priez Dieu pour l'ame et la raison du fils de vos
maitres!"
Le plat tomba des mains d'Athos, pendant que Raoul cherchait a
penetrer le sens mysterieux de ces mots lugubres.
Au meme instant, un cri se fit entendre du haut du donjon. Raoul,
prompt comme l'eclair, courba la tete et forca son pere a se
courber aussi. Un canon de mousquet venait de reluire a la crete
du mur. Une fumee blanche jaillit comme un panache a l'orifice du
mousquet, et une balle vint s'aplatir sur une pierre, a six pouces
des deux gentilshommes. Un autre mousquet parut encore et
s'abaissa.
-- Cordieu! s'ecria Athos, assassine-t-on les gens, ici?
Descendez, laches que vous etes!
-- Oui, descendez! dit Raoul furieux en montrant le poing au
chateau.
L'un des deux assaillants, celui qui allait tirer le coup de
mousquet, repondit a ces cris par une exclamation de surprise, et,
comme son compagnon voulait continuer l'attaque et ressaisissait
le mousquet tout arme, celui qui venait de s'ecrier releva l'arme,
et le coup partit en l'air.
Athos et Raoul, voyant qu'on disparaissait de la plate-forme
penserent qu'on allait venir a eux, et ils attendirent de pied
ferme.
Cinq minutes ne s'etaient pas ecoulees, qu'un coup de baguette sur
le tambour appela les huit soldats de la garnison, lesquels se
montrerent sur l'autre bord du fosse avec leurs mousquets. A la
tete de ces hommes se tenait un officier que le vicomte de
Bragelonne reconnut pour celui qui avait tire le premier coup de
mousquet.
Cet homme ordonna aux soldats d'appreter les armes.
-- Nous allons etre fusilles! s'ecria Raoul. L'epee a la main, du
moins, et sautons le fosse! Nous tuerons bien chacun un de ces
coquins quand leurs mousquets seront vides.
Et deja Raoul, joignant le mouvement au conseil s'elancait, suivi
d'Athos, lorsqu'une voix bien connue retentit derriere eux.
-- Athos! Raoul! criait cette voix.
-- D'Artagnan! repondirent les deux gentilshommes.
-- Arme
|