hui, dit-il; j'ai un plan.
Et il se tourna vers la porte, ou il esperait voir Aramis, dont
l'absence commencait a lui peser.
La reine mere voulut prendre conge.
-- Demeurez, ma mere, dit-il; je veux vous faire faire la paix
avec M. Fouquet.
-- Mais je n'en veux pas a M. Fouquet; je craignais seulement ses
prodigalites.
-- Nous y mettrons ordre, et ne prendrons du surintendant que les
bonnes qualites.
-- Que cherche donc Votre Majeste? dit Henriette voyant le roi
regarder encore vers la porte, et desirant lui decocher un trait
au coeur; car elle supposait qu'il attendait La Valliere ou une
lettre d'elle.
-- Ma soeur, dit le jeune homme, qui venait de la deviner, grace a
cette merveilleuse perspicacite dont la fortune lui allait
desormais permettre l'exercice, ma soeur, j'attends un homme
extremement distingue, un conseiller des plus habiles que je veux
vous presenter a tous, en le recommandant a vos bonnes graces. Ah!
entrez donc, d'Artagnan.
D'Artagnan parut.
-- Que veut Sa Majeste?
-- Dites donc, ou est M. l'eveque de Vannes, votre ami?
-- Mais, Sire...
-- Je l'attends et ne le vois pas venir. Qu'on me le cherche.
D'Artagnan demeura un instant stupefait, mais bientot,
reflechissant qu'Aramis avait quitte Vaux secretement avec une
mission du roi, il en conclut que le roi voulait garder le secret.
-- Sire, repliqua-t-il, est-ce que Votre Majeste veut absolument
qu'on lui amene M. d'Herblay?
-- Absolument n'est pas le mot, repliqua Philippe; je n'en ai pas
un tel besoin; mais si on me le trouvait...
"J'ai devine", se dit d'Artagnan.
-- Ce M. d'Herblay, dit Anne d'Autriche, c'est l'eveque de Vannes?
-- Oui, madame.
-- Un ami de M. Fouquet?
-- Oui, madame, un ancien mousquetaire.
Anne d'Autriche rougit.
-- Un de ces quatre braves qui, jadis, firent tant de merveilles.
La vieille reine se repentit d'avoir voulu mordre; elle rompit
l'entretien pour y conserver le reste de ses dents.
-- Quel que soit votre choix, Sire, dit-elle, je le tiens pour
excellent.
Tous s'inclinerent.
-- Vous verrez, continua Philippe, la profondeur de
M. de Richelieu, moins l'avarice de M. de Mazarin.
-- Un premier ministre, Sire? demanda Monsieur effraye...
-- Je vous conterai cela, mon frere; mais c'est etrange que
M. d'Herblay ne soit pas ici!
Il appela.
-- Qu'on previenne M. Fouquet, dit-il, j'ai a lui parler... Oh!
devant vous, devant vous; ne vous retirez point.
M. de S
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