prix, et de quelque part qu'elle vint. Le premier article de sa
charte etait dans Homere:
. . . . [Greek: eis choiranos esto,]
[Greek: eis basileus.] . . . . . .
Le pire des Etats, c'est l'Etat populaire.
Il disait volontiers comme ce sage satrape dans Herodote: _Puissent les
ennemis des Perses user de la democratie!_ Il croyait cela vrai des
grands Etats modernes, meme des Etats anciens et de ces republiques
grecques qui n'avaient acquis, selon lui, une grande gloire que dans les
moments ou elles avaient ete gouvernees comme monarchiquement sous
un seul chef, Miltiade, Cimon, Themistocle, Pericles. Mais, ce point
essentiel pose, le reste avait moins de suite chez lui et variait au
gre d'une imagination aisement enthousiaste ou effarouchee, que, par
bonheur, fixait en definitive l'influence de la famille. La reputation
officielle ment souvent; il l'a remarque lui-meme, et cela peut surtout
s'appliquer a lui. Ce serait une illusion de perspective que de faire de
M. de Fontanes un politique: encore un coup, c'etait un poete au fond.
Son _dessous de cartes_, le voulez-vous savoir? comme disait M. de
Pomponne de l'amour de madame de Sevigne pour sa fille. En 1805,
president du Corps legislatif, il ne s'occupe en voyage que du poeme
des _Pyrenees_ et des Stances a l'ancien manoir de ses peres. En 1815,
president du College electoral a Niort, il fait les Stances a la
fontaine Du Vivier et aux manes de son frere. Voila le _dessous de
cartes_ decouvert: peu de politiques en pourraient laisser voir autant.
En 1814, au Senat, il signa la decheance, mais ce ne fut qu'avec une
vive emotion, et en prenant beaucoup sur lui; il fallut que M. de
Talleyrand le tint quelque temps a part, et, par les raisons de salut
public, le decidat. On l'a accuse, je ne sais sur quel fondement,
d'avoir redige l'acte meme de decheance, et je n'en crois rien[155]. Mais
il n'en est peut-etre pas ainsi d'autres actes importants et memorables
d'alors, sous lesquels il y aurait lieu a meilleur droit, et sans avoir
besoin d'apologie, d'entrevoir la plume de M. de Fontanes. Cela se
concoit: il etait connu par sa propriete de plume et sa mesure; on
s'adressait a lui presque necessairement, et il rendait a la politique,
dans cette crise, des services de litterateur, services anonymes,
inoffensifs, desinteresses, et auxquels il n'attachait lui-meme aucune
importance. Mais voici a ce propos une vieille histoire.
[Note 155: On croit savoir,
|