de ce qu'on appelle les Conferences de
Chatillon. C'etait la premiere fois que Napoleon consultait ou faisait
semblant. Le rapport concluait, apres examen des pieces, en invoquant
la paix, en la declarant possible et dans les intentions de l'Empereur,
mais a la fois en faisant appel a un dernier elan militaire pour
l'accelerer. Ceux qui avaient toujours present le discours de 1808 au
Corps legislatif, ceux qui, en dernier lieu, partageaient les sentiments
de resistance exprimes concurremment par M. Laine, purent trouver ce
langage faible: Bonaparte dut le trouver un peu froid et bien mele
d'invocations a la paix: dans le temps, en general, il parut digne[153].
1814 arriva avec ses desastres. M. de Fontanes souffrait beaucoup de
cet abaissement de nos armes; il n'aimait guere plus voir en France les
cocardes que la litterature d'outre-Rhin[154]. Sa conduite dans tout ce
qui va suivre fut celle d'un homme honnete, modere, qui cede, mais qui
cede au sentiment, jamais au calcul.
[Note 153: On a, au reste, sur les circonstances de ce rapport, plus
que des conjectures. La _Revue Retrospective_ du 31 octobre 1835 a
publie la _dictee_ de Napoleon par laquelle il tracait a la commission
du Senat et au rapporteur le sens de leur examen et presque les termes
memes du rapport. Les derniers mots de l'indication imperieuse sont:
"Bien devoiler la perfidie anglaise avant de faire un appel au
peuple.--Cette fin doit etre une _philippique_." Malgre l'ordre precis,
la _philippique_ manque dans le rapport de M. de Fontanes, et la
conclusion prend une toute autre couleur, plutot pacifique: l'Empereur
ne put donc etre content. La _Revue Retrospective_, qui fait elle-meme
cette remarque, n'en tient pas assez compte. Apres tout, le rapporteur,
dans le cas present, ne _manoeuvra_ pas tout a fait comme le maitre le
voulait; en obeissant, il eluda.]
[Note 154: Le trait est essentiel chez Fontanes: au temps meme ou
il attaquait le plus vivement le Directoire dans le _Memorial_, il a
exprime en toute occasion son peu de gout pour les armes des etrangers
et pour leur politique: on pourrait citer particulierement un article du
19 aout 1797, intitule: _Quelques verites au Directoire, a l'Empereur et
aux Venitiens_. Par cette maniere d'etre Francais en tout, il restait
encore fidele au Louis XIV.]
Il avait, je l'ai dit, un grand fonds d'idees monarchiques, une horreur
invincible de l'anarchie, un amour de l'ordre, de la stabilite presque
a tout
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