on_; il n'a pas moins rendu, dans un sentiment bien richement
antique, la _Venus-Ceres_, si l'on peut ainsi la nommer; c'est au
huitieme chant de la _Grece sauvee_:
Salut, Ceres, salut! tu nous donnas des lois;
Nos arts sont tes bienfaits: ton celeste genie
Arracha nos aieux au gland de Chaonie;
Et la Religion, fille des immortels,
Autour de ta charrue eleva ses autels.
Par toi changea l'aspect de la nature entiere.
On dit que Jasion, tout couvert de poussiere,
Premier des laboureurs, avec loi fut heureux:
La hauteur des epis vous deroba tous deux;
Et Plutus, qui se plait dans les cites superbes,
Naquit de vos amours sur un trone de gerbes.
Ce sont la de ces beautes primitives, abondantes, dignes d'Ascree,
comme Lucrece les retrouvait dans ses plus beaux vers: l'image demi-nue
conserve chastete et grandeur.
Vers 1812, Fontanes vieillissant, et enfin resigne a vieillir, eut dans
le talent un retour de seve verdissante et comme une seconde jeunesse:
Ce vent qui sur nos ames passe
Souffle a l'aurore, ou souffle tard.
Ces annees du declin de la vie lui furent des saisons de progres
poetique et de fertilite dans la production: signe certain d'une nature
qui est forte a sa maniere. Qu'on lise son ode sur _la Vieillesse_: il
y a exprime le sentiment d'une calme et fructueuse abondance dans une
strophe toute pleine et comme toute savoureuse de cette douce maturite:
Le temps, mieux que la science,
Nous instruit par ses lecons;
Aux champs de l'experience
J'ai fait de riches moissons;
Comme une plante tardive,
Le bonheur ne se cultive
Qu'en la saison du bon sens:
Et, sous une main discrete,
Il croitra dans la retraite
Que j'ornai pour mes vieux ans.
S'il n'a pas plus laisse, il en faut moins accuser sa facilite, au fond,
qui etait grande, que sa _main_ trop _discrete_ et sa vue des choses
volontiers decouragee. Ce qui met M. de Fontanes au-dessus et a part de
cette epoque litteraire de l'Empire, c'est moins la puissance que la
qualite de son talent, surtout la qualite de son gout, de son esprit;
et par la il etait plus aisement retenu, degoute, qu'excite. On le voit
exprimer en maint endroit le peu de cas qu'il faisait de la litterature
qui l'environnait. Sous Napoleon, il regrette qu'il n'y ait eu que des
Cherile comme sous Alexandre; sous les descendants de Henri IV, il
regrette qu'il n'y ait plus, de Malherbe: cette plainte lui echappe une
derniere fois dans
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