sa derniere ode. Dans celle qu'il a expressement
lancee contre la litterature de 1812, il ne trouve rien de mieux pour
lui que d'etre un Silius, c'est-a-dire un adorateur respectueux, et a
distance, du culte virgilien et racinien qui se perd. Les soi-disant
classiques et vengeurs du grand Siecle le suffoquent; Geoffroy, dans ses
injures contre Voltaire et sa grossierete fonciere de cuistre, ne lui
parait, avec raison, qu'un violateur de plus. Cette idee de decadence,
si habituelle et si essentielle chez lui, honore plus son gout qu'elle
ne condamne sa sagacite; et si elle ne le rapproche pas precisement de
la litterature qui a suivi, elle le separe, avec distinction de celle
d'alors, dans laquelle il n'excepte hautement que le chantre de
Cymodocee.
Je ne puis m'empecher, en cherchant dans notre histoire litteraire
quelque role analogue au sien, de nommer d'abord le cardinal Du Perron.
En effet, Du Perron aussi, poete d'une ecole finissante (de celle de Des
Portes), eut le merite et la generosite d'apprecier le chef naissant
d'une ecole nouvelle, et, le premier, il introduisit Malherbe pres de
Henri IV. Bayle a appele Du Perron le procureur-general du Parnasse de
son temps, comme qui dirait aujourd'hui le maitre des ceremonies de
la litterature. Fontanes, dont on a dit quelque chose de pareil, lui
ressemblait par son vif amour pour ce qu'on appelait encore tes Lettres,
par sa bienveillance active qui le faisait promoteur des jeunes talents.
C'est ainsi qu'il distingua avec bonheur et produisit la precocite
brillante de M. Villemain. M. Guizot lui-meme, qui commencait gravement
a percer, lui dut sa premiere chaire [149]. Du Perron, comme Fontanes,
etait en son temps un oracle souvent cite, un poete rare et plus
regrette que lu; apres avoir brille par des essais trop epars, lui aussi
il parut a un certain moment quitter la poesie pour les hautes dignites
et la representation officielle du gout a la cour. Il est vrai que
Fontanes, Grand-Maitre, n'ecrivit pas de gros traites sur l'Eucharistie,
et qu'il lui manque, pour plus de rapport avec Du Perron, d'avoir ete
cardinal comme l'abbe Maury. Celui-ci meme semble s'etre veritablement
charge de certains contrastes beaucoup moins dignes de ressemblance.
Pourtant il y a cela encore entre l'hote de Bagnolet et celui de
Courbevoie, que la legerete profane et connue de quelques-uns de leurs
vers ne nuisit point a la chaleur de leurs manifestations chretiennes
et catholiques. Le ca
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