rdinal Du Perron avait, dans sa jeunesse, ecrit de
tendres vers, tels que ceux-ci, a une infidele:
M'appeler son triomphe et sa gloire mortelle,
Et tant d'autres doux noms choisis pour m'obliger,
Indignes de sortir d'un courage [150] fidele,
Ou, si soudain apres, l'oubli s'est vu loger!
Tu ne me verras plus baigner mon oeil de larmes
Pour avoir eprouve le feu de tes regards;
Le temps contre tes traits me donnera des armes,
Et l'absence et l'oubli reboucheront les dards.
Adieu, fertile esprit, source de mes complaintes,
Adieu, charmes coulants dont j'etois enchante:
Contre le doux venin de ces caresses feintes
Le souverain remede est l'incredulite.
[Note 149: C'est ainsi encore qu'il poussa tres-vivement, par un
article au Journal de l'Empire (8 janvier 1806), et par ses eloges en
tout lieu, au succes du debut tout a fait distingue de M. Mole.]
[Note 150: Courage, coeur.]
Et le theologien vieilli, en les relisant avec pleurs, regrettait aussi,
je le crains, la Deesse aux douces amertumes:
. . . . . Non est Dea nescia nostri
Quae dulcem curis miscet amaritiem;
ce qui revient a l'ode de Fontanes:
Repands-y le charme supreme
Et des plaisirs, et des maux meme,
Que je t'ai dus dans mes beaux jours.
Mais c'est bien assez pousser ce parallele pour ceux qui ont un peu
oublie Du Perron. Pour ceux qui s'en souviendraient trop, ne fermons
pas sans rompre. Le Courbevoie de Fontanes se decorait de decence,
s'ennoblissait par un certain air de voisinage avec le sejour de Rollin,
par un certain culte purifiant des hotes de Baville, de Vignai et de
Fresne.
Plus loin encore que Du Perron, et a l'extremite de notre horizon
litteraire, je ne fais qu'indiquer comme analogue de Fontanes pour cette
maniere de role intermediaire, Mellin de Saint-Gelais, elegant et sobre
poete, arme de gout, qui, le dernier de l'ecole de Marot, sut se faire
respecter de celle de Ronsard, et se maintint dans un fort grand etat de
consideration a la cour de Henri II.
M. Villemain, d'abord disciple de M. de Fontanes dans la critique qu'il
devait bientot rajeunir et renouveler, l'allait visiter quelquefois dans
ces annees 1812 et 1813. La chute desormais trop evidente de l'Empire,
l'incertitude de ce qui suivrait, redoublaient dans l'ame de M. de
Fontanes les tristesses et les reveries du declin:
Majoresque cadunt altis de montibus umbrae.
Sous le lent nuage sombre, l'entretien delicat et vif n'
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