s, elle tenait essentiellement, au contraire, a ce qu'elle ne
put pas reflechir.
--A quelle heure doit venir le duc aujourd'hui?
--A une heure pour...
--Et il est?
--Midi passe.
--Deja. Alors tu n'as que juste le temps d'ecrire..., si tu veux ecrire.
--Je vais ecrire.
--Alors, tu es sure de lui?
--Oui.
XXIX
Quand Roger se presenta et que Bob lui repondit que "madame la comtesse
ne pouvait pas le recevoir ni mademoiselle non plus", il fut etrangement
surpris. Cette heure matinale avait ete choisie la veille avec
Corysandre pour s'entendre a propos d'une promenade, et il etait
d'autant plus etonnant qu'on ne le recut pas, que Bob, interroge,
repondait que ni "madame la comtesse ni mademoiselle n'etaient malades".
Il dut se retirer, deconcerte, se demandant ce que cela signifiait.
Mais il ne pouvait guere examiner froidement cette question en la
raisonnant, etant agite au contraire par une impatience fievreuse.
Les reponses aux lettres qu'il avait ecrites a ses amis d'Amerique
peur leur demander des renseignements sur la famille de Barizel ne lui
etaient pas encore parvenues, et la veille il avait expedie des depeches
a ses deux amis pour les prier de lui faire savoir par le telegraphe
s'il pouvait donner suite au projet dont il les avait entretenus dans
ses lettres; c'etait a la derniere extremite qu'il s'etait decide a
employer le systeme des depeches qui, en un pareil sujet et aussi bien
pour les demandes que pour les reponses, ne pouvait etre que mauvais par
sa concision et surtout par sa discretion obligee; mais, apres ce qui
s'etait passe entre lui et Corysandre, dans la tour de l'eglise de
Fribourg, il ne pouvait plus attendre. Par la poste les reponses
pouvaient tarder encore huit jours, peut-etre plus. Se taire plus
longtemps devenait tout a fait ridicule.
Revenant chez lui, il se trouva alors dans un etat penible de confusion
et de perplexite, allant d'un extreme a l'autre, sans pouvoir
raisonnablement s'arreter a rien.
Il n'y avait pas une demi-heure qu'il etait rentre, quand on lui monta
la lettre de Corysandre, sans lui dire qui l'avait apportee.
Son premier mouvement fut de la jeter sur une table; il n'en connaissait
point l'ecriture et il avait bien autre chose en tete que de s'occuper
des lettres que pouvaient lui adresser des gens qui lui etaient
indifferents.
C'etaient des depeches qu'il attendait, non des lettres.
Comme il ne pouvait rester en place et qu'il
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