as, tres vite? Si
courte que soit votre absence, elle sera eternelle pour moi.
A ce moment madame de Barizel ouvrit la porte et entra dans le salon;
vivement Corysandre courut au-devant d'elle:
--Si tu savais quelle mauvaise nouvelle, dit-elle.
--Quoi donc?
Roger voulut repondre lui-meme:
--Je suis oblige de partir pour Paris a trois heures et je viens vous
faire mes adieux.
--Comment partir! Vous n'assistez pas aux dernieres journees de courses?
--Cela m'est impossible.
--Mais vous ne nous aviez pas parle de ce depart.
--C'est que je ne savais pas moi-meme que je partirais; c'est ce matin,
il y a quelques instants, que ce depart a ete decide.
Avec Corysandre il s'etait senti le coeur brise; mais avec madame de
Barizel ce n'etait pas un sentiment de lachete qui l'aneantissait,
c'etait un sentiment d'indignation et de fureur qui le soulevait.
Etait-elle vraiment la femme que Raphaelle venait de lui montrer? Il
pouvait le savoir.
Il fit quelques pas vers la porte:
--C'est justement avec deux de vos compatriotes, dit-il en regardant
madame de Barizel, que j'ai a traiter l'affaire... capitale qui
m'appelle a Paris, deux Americains, M. Layton, de Charlestown...
Elle palit.
--... Et M. Henry Urquhart, de Savannah.
Il crut qu'elle allait defaillir; mais elle se redressa:
--Bon voyage! dit-elle.
XXXIV
Le trouble de madame de Barizel avait ete le plus terrible des aveux.
Cependant Roger partit pour Paris, et, apres avoir vu M. Layton, le
frere du suicide de Charlestown, il alla au Havre pour voir M. Urquhart.
Une fille! La mere de celle qu'il aimait avait ete une fille!
Il revint a Paris, ecrase, mais cependant ferme dans sa resolution.
Jamais il ne reverrait Corysandre.
Comment supporteraient-ils l'un et l'autre cette separation? Il n'en
savait rien, il ne se le demandait meme pas, car ce n'etait pas de
l'avenir qu'il pouvait s'occuper, c'etait du present, du present seul.
Et dans ce present il n'y avait qu'une chose: la fille d'Olympe
Boudousquie ne pouvait pas etre duchesse de Naurouse.
Ce que souffrirait Corysandre, ce qu'il souffrirait lui-meme, il devait
pour le moment ecarter cela de sa pensee et tacher de ne voir que ce que
l'honneur de son nom lui imposait.
Il se serait fait tuer pour l'honneur de ce nom: cette resolution serait
un suicide.
Et dans le wagon qui le ramenait du Havre a Paris, il arreta la mise a
execution de cette resolution, s'y reprenant
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