elle serieuse? sur quoi porte-t-elle? a
quoi expose-t-elle?
--Vous avez un code, monsieur le duc?
--Non.
--C'est cependant un livre qui devrait se trouver chez tout le monde,
dit-il sentencieusement; enfin, puisque vous n'en avez pas, je vais
tacher de repondre a vos questions. Vous demandez si cette accusation
est serieuse? Oui, monsieur le duc, au moins par ses consequences
possibles. Les articles sous le coup desquels elle vous place sont les
354, 355, 356, 357 du code penal, qui disent que quiconque aura enleve
ou detourne une fille au-dessous de seize ans subira la peine des
travaux forces a temps.
Roger ne fut pas maitre de retenir un mouvement.
--C'est ainsi, monsieur le duc; on ne sait pas cela dans le monde,
n'est-ce pas? Cependant telle est la loi. Elle dit aussi que, quand meme
la fille aurait consenti a son enlevement ou suivi volontairement son
ravisseur, si celui-ci est majeur de vingt-un ans ou au-dessus, il
sera condamne aux travaux forces a temps. Mademoiselle de Barizel, en
affirmant qu'elle etait venue librement chez vous, a paru vouloir vous
innocenter; vous voyez qu'elle s'est trompee. N'oubliez pas cela,
monsieur le duc. De meme n'oubliez pas non plus le dernier article que
je signale tout particulierement a votre attention, et qui dit que
dans le cas ou le ravisseur epouserait la fille qu'il a enlevee, il ne
pourrait etre condamne que si la nullite de son mariage etait prononcee.
Dans l'espece, vous sentez, n'est-ce pas, l'importance de cet article?
Baissant la tete, le commissaire adressa a Roger par-dessus ses lunettes
un sourire qui en disait long.
--Vous avez devine qu'on voulait me contraindre a ce mariage? dit Roger.
--He! he! he!
Il n'en dit pas davantage; mais il se frotta les mains, satisfait sans
doute d'avoir ete compris.
--J'ai un proces-verbal a dresser, dit-il, je puis m'installer ici,
n'est-ce pas?
Il s'assit devant la table.
--Ce proces-verbal doit constater la porte fermee a clef, la tentative
de fuite par l'escalier de service, le desordre de la toilette de la
jeune personne. Pourquoi donc avez-vous ferme cette porte, monsieur le
duc?
--Je n'ai pense qu'a la mere et j'ai voulu lui echapper.
--Facheux.
Abandonnant le commissaire, Roger rentra dans la chambre; Corysandre
etait assise a un bout, madame de Barizel a un autre.
--Eh bien, monsieur le duc, demanda-t-elle, vous etes-vous fait
renseigner par M. le commissaire sur les consequences de c
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