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etait plus dur encore; alors Roger se tournait du cote oppose a celui ou
se tenait son ami et il s'efforcait de ne pas tousser; mais si l'on peut
tousser volontairement, on ne peut pas ne pas tousser a volonte. Quand
il sentait l'acces venir, il renvoyait Mautravers, tantot sous un
pretexte, tantot sous un autre, s'ingeniant a en chercher.
Mais ou il desirait surtout se debarrasser de lui, c'etait quand Harly
devait venir, afin d'avoir quelques instants de causerie intime et
affectueuse qui le reposat.
Bien qu'il ne fit plus fonction de medecin, Harly n'en venait pas moins
voir Roger tous les matins, et s'il ne lui prescrivait plus des remedes
qui, au point ou en etait arrivee la maladie, ne pouvaient pas avoir
grande efficacite, il le reconfortait au moins par des paroles
d'esperance et d'amitie aussi bonnes pour le coeur que pour l'esprit.
Ces heures du matin entre Harly et Crozat etaient les meilleures de la
journee pour le malade, celles au moins qui lui faisaient oublier sa
maladie et la gravite de son etat.
Un jour Harly n'arriva pas seul: il amenait par la main une petite fille
de dix a onze ans, qui portait une corbeille recouverte de feuilles.
--C'est ma fille, dit-il, qui a voulu malgre moi vous apporter la
premiere cueille de son cerisier. Vous savez, votre cerisier?
--Comment si je sais; mais c'est la un des meilleurs souvenirs de ma
vie. J'ai eu la joie de faire ce jour-la une heureuse, et c'est la un
plaisir qui m'a ete donne... ou que je me suis donne trop rarement; il
est vrai qu'il est encore possible de rattraper le temps perdu.
--Certainement, dit Crozat.
--En se pressant, ajouta Roger avec un triste sourire.
Puis, pour ne pas rester sous cette derniere impression, il demanda a la
petite fille de lui donner sa main pour qu'il l'embrassat, et il voulut
qu'elle mangeat quelques cerises avec lui; mais, pour lui, il n'en put
manger que trois ou quatre, leur acidite l'ayant fait tousser.
--Ce sera pour tantot, dit-il.
Puis, comme Harly et sa fille allaient se retirer, il rappela celle-ci:
--Claire est votre nom, n'est-ce pas? demanda-t-il, et vous n'en avez
pas d'autre?
--Non.
--C'est un tres joli nom.
S'il y avait des visites qui rendaient Roger heureux, il y en avait
d'autres qui l'exasperaient, bien qu'il ne les recut pas: celles du
comte de Condrieu et de Ludovic de Condrieu, qui chaque jour venaient
ensemble se faire inscrire.
--Quelle belle chose que l'hyp
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