a peu pres que Mautravers se promenait dans ses
terres de Varages et de Naurouse, lorsqu'il crut remarquer que, depuis
quelque temps deja, Roger n'avait pas remue; il ecouta et, n'entendant
plus sa respiration, il s'approcha du lit: il etait mort, tout a coup,
comme avaient dit les medecins, sans qu'on s'en apercut.
Aussitot Mautravers reveilla toute la maison.
--Qu'on aille vite chercher M. Le Genest de la Crochardiere, dit-il,
qu'on le fasse lever, qu'il vienne tout de suite; avertissez-le que
c'est pour recevoir le testament du duc de Naurouse.
Il attendit, suant d'impatience; mais ce ne fut pas le notaire qui
arriva tout d'abord, ce fut Raphaelle, qu'il n'avait pas dit de
prevenir.
--Tu sais, dit-elle apres la premiere explosion du chagrin, que le duc
m'avait donne son argenterie et ses bijoux.
--Non, je n'en sais rien; mais il a fait un testament qu'on va ouvrir
tout a l'heure, nous verrons cela.
--Je n'ai pas besoin du testament pour ce qui m'a ete donne.
--Attendons.
Il n'y eut pas longtemps a attendre: le notaire arriva bientot,
Mautravers esperait qu'on allait ouvrir le testament tout de suite, mais
il n'en fut rien.
--Je vais le deposer au president du tribunal, dit le notaire.
--Quand en connaitra-t-on le contenu! s'ecria Mautravers.
Puis, comprenant qu'il montrait trop franchement son impatiente
curiosite:
--Il peut y avoir dans ce testament que je ne connais pas, dit-il, des
prescriptions relatives aux obseques et il est important que nous soyons
fixes la-dessus.
--Vous le serez dans la journee, dit le notaire.
Le notaire parti, Mautravers declara a Raphaelle qu'ils devaient se
retirer, et celle-ci ne fit pas d'observation.
Ils sortirent ensemble et se quitterent a la porte, Raphaelle tournant
a gauche et Mautravers a droite; mais il n'alla pas plus loin que la
Chaussee-d'Antin et revenant sur ses pas, il remonta l'escalier de
Roger. Quand il entra dans la salle a manger, il trouva Raphaelle,
qui etait revenue, elle aussi, au plus vite, en train d'emballer
l'argenterie dans des serviettes. Deja elle avait fourre plusieurs
pieces dans ses poches.
--Je ne permettrai pas cela, s'ecria Mautravers en sautant sur les
serviettes qui etaient deja nouees.
--De quoi te meles-tu?
--J'ai jure de faire executer le testament de ce pauvre Roger.
--Tu esperes donc bien heriter! Ce pauvre Roger! C'etait de son vivant
qu'il fallait le plaindre, au lieu de se faire son espion au pro
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