fit du
vieux Condrieu.
--Si quelqu'un a tire parti du vieux Condrieu, n'est-ce pas toi, qui lui
as vendu tes papiers pour faire manquer le mariage de Corysandre?
La querelle allait s'envenimer; mais la porte s'ouvrit et M. de Condrieu
entra, pouvant a peine se tenir, appuye sur le bras de Ludovic:
--Oh! mon pauvre petit-fils, s'ecria-t-il d'une voix brisee, plus
hesitante que jamais, mon cher petit-fils, ou est-il?
Il se heurtait aux meubles, aveugle par les larmes. Heureusement
Ludovic, guide par Mautravers, put le conduire a la chambre mortuaire
et le faire agenouiller aupres du lit, ou il resta longtemps en priere,
ecrase par la douleur, poussant des sanglots et criant;
--Mon cher petit-fils!
Peu a peu arriverent les amis de Roger: Harly, Crozat et les autres;
puis, vers midi, madame d'Arvernes, accompagnee d'un jeune homme plus
jeune, plus frais, plus beau garcon encore que le vicomte de Baudrimont.
Elle voulut voir Roger et elle entra dans la chambre, ne faisant rien
pour cacher les larmes qui coulaient sur ses joues. Se penchant sur lui,
elle l'embrassa au front.
--Pauvre Roger, dit-elle.
Elle sortit, eclatant en sanglots. Dans la salle a manger, elle prit le
bras du jeune homme qui l'accompagnait et, se serrant contre lui:
--N'est-ce pas qu'il etait beau, dit-elle, mais c'etait ses yeux qu'il
fallait voir, ces pauvres yeux qui n'ont plus de regard.
Les visites se continuerent ainsi, recues par M. de Condrieu et par
Ludovic aussi bien que par Mautravers, qui agissait de plus en plus
comme s'il etait chez lui. N'etait-ce pas maintenant une affaire de
quelques minutes seulement; le notaire allait arriver.
Il se fit attendre longtemps encore; mais enfin il arriva, accompagne de
Harly et de Nougaret, que M. de Condrieu regarda comme s'il voulait les
mettre a la porte; mais il avait autre chose a faire pour le moment.
--Le testament de mon petit-fils, de mon cher petit-fils, a-t-il ete
ouvert? demanda-t-il au notaire.
--Oui, monsieur le comte, et en voici la copie.
--Veuillez la lire, dit M. de Condrieu.
--Mais, monsieur le comte...
--Veuillez la lire, repeta M. de Condrieu.
--Lisez, dit Mautravers, mon ami Roger m'a charge de veiller a
l'execution de son testament; je dois le connaitre.
Le notaire lut:
"Ceci est mon testament; il m'a ete inspire par le desir de faire apres
moi ce que je n'ai pu faire de mon vivant--le bonheur d'une personne qui
en soit digne.
"Je desheri
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