it personne pour
l'amuser, comme elle n'etait ni timide, ni reservee, oh! mais pas
du tout du tout, nous fumes bien vite camarades. On peut, sans que
j'insiste, se faire une idee de ce que fut la stupefaction d'un jeune
provincial, fils d'un notaire qui, parmi ses clients, comptait quelques
representants de la noblesse polie, affinee, sceptique et legere du
dix-huitieme siecle, en se trouvant brusquement en presence de cette
fille deluree qui portait un des grands noms de l'Empire, car telle je
l'ai representee, dans ce roman, telle elle etait deja, si bien que
je n'ai eu qu'a me souvenir pour la copier, et encore sans appuyer,
laissant dans l'ombre certains cotes que j'aurais du peindre, si au lieu
d'une figure de roman j'avais fait un portrait.
Ce fut a Cauterets que je connus Naurouse: on avait organise une journee
de courses d'hommes a la montagne, et j'avais ete charge de reunir
quelques souscriptions, parmi lesquelles celle du duc de Naurouse. Le
hasard fit qu'il connut quelques-uns de mes romans. Il s'ennuyait ferme,
il m'invita a entrer chez lui quand je passerais devant sa fenetre
toujours fermee, derriere laquelle il se tenait, seul, du matin au soir,
pale, triste, mourant, regardant sans le voir le mouvement des allees et
venues dans le petit jardin de l'_Hotel de France_. Et je n'eus garde de
refuser cette invitation, jusqu'au moment ou il quitta Cauterets, autant
parce qu'il n'y trouvait point de soulagement a son mal, que parce que
madame d'Arvernes etait venue l'y relancer. On l'avait logee dans la
chambre voisine de la mienne, et tous les soirs, a travers notre mince
cloison, j'entendais les eclats de sa voix et de ses rires pendant
qu'elle dinait avec une jeune amie a laquelle elle faisait visiter les
Pyrenees, comme tous les matins j'entendais aussi le guide Barragat, qui
venait la chercher pour une excursion dans la montagne, crier avec son
accent meridional: "Madame la duchesse est-elle prete?"
Avec Naurouse et madame d'Arvernes, Harly est un des principaux
personnages de la _Boheme tapageuse_. Il avait lu une scene de jeu dans
_Un Mariage sous le Second Empire_; il me fit demander par Ph. Jourde,
le directeur du _Siecle_, si je voulais qu'il m'en racontat une "vraie"
au moins aussi interessante que celle que j'avais inventee. C'est
celle qui se trouve au commencement de _Raphaelle_, avec l'episode
du cerisier. Mais il ne s'en tint pas la, il me communiqua aussi les
papiers laisses par Naurouse, s
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