du coupe Dayelle accompagne de son fils; le valet de pied
avait sonne. La porte si bien fermee s'ouvrit; ils entrerent.
XL
C'etait folie d'admettre que Leon Dayelle pouvait devenir le mari de
Corysandre.
Mais alors pourquoi venait-il la voir avec son pere?
C'etait une terrible femme que madame de Barizel, de qui l'on pouvait
tout attendre, de qui l'on devait tout craindre! Si elle se pouvait
faire epouser par Dayelle, ne pouvait-elle pas faire epouser Corysandre
par Leon? Il est vrai qu'elle voulait ce mariage avec le pere, tandis
que Corysandre ne voudrait jamais le fils. Ce serait lui faire une
mortelle injure que la croire capable d'une pareille trahison. Il avait
foi en elle, en sa fidelite, en son amour.
Et cependant cette visite du pere et du fils dans le couvent se
prolongeait bien longtemps. Que pouvaient-ils dire? Comment Corysandre
pouvait-elle les ecouter?
C'etait embusque sous la porte d'un megissier que Roger agitait
fievreusement ces questions, attendant qu'ils sortissent.
Enfin il les vit paraitre; ils monterent en voiture, et il put a son
tour partir et rentrer chez lui, ou il attendit Houssu. Mais Houssu ne
vint pas ce jour-la. Ce fut seulement le lendemain qu'il arriva, la mine
longue: il n'avait pas reussi a trouver quelqu'un pour se charger de la
lettre, et il craignait bien de n'etre pas plus heureux. Les difficultes
etaient grandes; il voulut les enumerer, mais Roger l'interrompit en lui
disant qu'il fallait, coute que coute, que cette lettre fut remise au
plus vite dans les mains de mademoiselle de Barizel. Avec du zele et de
l'argent, on devait reussir.
--Soyez sur que je n'economiserai ni l'un ni l'autre, dit Houssu.
Le lendemain il vint annoncer qu'il avait des esperances, le
surlendemain qu'il n'en avait plus, puis deux jours apres qu'il en avait
de nouvelles et d'un autre cote.
Le temps recommenca a s'ecouler sans resultat, et Roger, exaspere,
voulut agir lui-meme. Il pensa a s'adresser a mademoiselle Renee de
Queyras, la tante de Christine, qui devait etre en relation avec les
dames irlandaises de la rue de la Glaciere, comme elle l'etait avec
toutes les congregations religieuses de Paris. Mais que lui dirait-il
quand elle lui demanderait dans quel but il voulait avoir des nouvelles
de mademoiselle de Barizel?
--C'est une fille que vous aimez? Oui.--Que vous voulez epouser?--Non,
que je veux enlever.
C'etait la une des fatalites de sa position qu'il ne pouvait
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