t Roger, dans quelques jours.
Car il esperait qu'au bout de ces quelques jours il pourrait partir avec
Corysandre, et puisqu'on lui ordonnait le Midi, s'en aller avec elle en
Egypte, dans l'Inde, au bout du monde.
Mais les quelques jours s'ecoulaient; Houssu n'apportait aucune nouvelle
de Corysandre, le mal faisait des progres, la faiblesse augmentait et
Harly revenait a la charge et repetait son eternel refrain: "Partez."
Partir au moment ou il allait enfin savoir dans quel couvent se trouvait
Corysandre, quitter Paris quand elle pouvait arriver chez lui tout a
coup! Puisqu'elle etait venue une fois, pourquoi ne viendrait-elle pas
une seconde? Et il attendait.
Un matin Houssu se presenta avec une figure joyeuse.
--Cassez-moi aux gages, monsieur le duc, je n'ai ete qu'un sot: j'ai
surveille madame de Barizel, tandis que c'etait M. Dayelle qu'il fallait
filer.
--Mademoiselle de Barizel, interrompit Roger.
--Elle est a Paris, au couvent des dames irlandaises, rue de la
Glaciere, ou M. Dayelle va tous les jours la voir avec son fils. On
dit... Mon Dieu, je ne sais pas si je dois le repeter a monsieur le
duc....
--Allez donc.
--On dit que le fils doit epouser la fille en meme temps que le pere
epousera la mere; c'est un moyen que M. Dayelle a trouve afin de ne pas
perdre l'argent qu'il a donne a madame de Barizel pour constituer la dot
de sa fille.
--C'est insense.
--Evidemment.... Seulement on le dit, et j'ai cru que mon devoir etait
de le repeter a monsieur le duc.
--Il faut que vous fassiez parvenir aujourd'hui meme a mademoiselle de
Barizel la lettre que je vais vous donner.
--Cela sera bien difficile.
--Je payerai l'impossible.
--On tachera.
Tout de suite Roger se mit a ecrire cette lettre, qui fut longuement
explicative et surtout ardemment passionnee, mais qui ne dit pas un mot
des projets de mariage avec Dayelle fils.
Tandis que Houssu emportait cette lettre, il alla lui-meme rue de la
Glaciere pour voir le couvent ou elle etait enfermee; mais il ne vit
rien que des grands murs, des grands arbres et une grande porte aussi
bien fermee que celle d'une prison.
Comme il restait devant cette porte, la regardant melancoliquement, un
bruit de voiture lui fit tourner la tete: c'etait un coupe attele de
deux chevaux qui arrivait grand train, conduit par un cocher a livree
vert et argent,--celle de Dayelle.
Il s'eloigna pour n'etre pas reconnu et, s'etant retourne, il vit
descendre
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